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Palais Bénédictine

« Fécamp : un palais pour la Bénédictine »

Article du 26 décembre 2017

Le palais © GP

De Fécamp, on ne sait plus trop s’il faut retenir la situation de port, comme ouvert par un chenal, entre les falaises de craie blanche du pays de Caux, ou celle de ville de province paisible, telle que Maupassant, natif d’ici, la fit revivre dans « la Maison Tellier ». « Fécamp, port de mer et qui entend le rester« , énonça un jour, comme une lapalissade, dans sa rhétorique si particulière, le Général de Gaulle. De fait, au début des années 70, Fécamp était encore le 4e port de pêche de français et le premier pour la pêche avec la morue, avec ses grands bateaux nommés les « Terre Neuvas ». Aujourd’hui, la grande pêche a peu à peu disparu, même si demeure la pêche hauturière ou côtière qui permet d’alimenter les industries locales de surgelés, sécheries ou saleries. A Fécamp, surtout, s’imposent deux trésors: l’église abbatiale de la Trinité, bâtie en gothique primitif sur des bases du XIe siècle, d’origine bénédictine, reconstruite du XIIe au XIIIe, avec sa haute tour lanterne et sa relique du « Précieux-Sang ». Et puis l’imposant palais de la Bénédictine.

Alexandre Legrand sur son vitrail © GP

Le style normand authentique de l’une contraste avec l’apparence de folie néo-gothique, renaissance et baroque de l’autre. Imaginé à la fin du siècle dernier par un élève de Viollet-le-Duc, le palais de la célèbre liqueur vaut à lui seul le voyage ici même. D’ailleurs, il constitue, avec ses cent quarante mille visiteurs annuels, la seconde entreprise la plus visitée en France. Musée, bien sûr, retraçant l’histoire vertueuse du produit, il fut bâti par l’architecte Camille Albert en 1895 à la demande d’Alexandre Legrand, négociant en liqueurs, qui eut, à l’époque la folie des grandeurs. Ce dernier voulut bâtir un véritable château en l’honneur de ses produits fétiches. Les lucarnes copiées sur celles de la demeure royale d’Azay-le-Rideau, les frises dignes de celles de Chambord, les salles en charpente de bois, volutes renaissances, ogives gothiques racontent l’histoire de la divine liqueur. Et le musée contient nombre d’oeuvres provenant de l’ancienne abbaye.

Statue de Don Bernardo Vincelli © GP

Vitrail de Bernardo Vincelli © GP

Alexandre Legrand, passionné par l’art médiéval, collectionneur émérite, eut l’idée de retrouver la liqueur inventée par Don Bernardo Vincelli, moine à Fécamp, en 1510. Celui-ci, herborisant sur les falaises cauchoises, eut l’idée de mêler les plantes d’ici (mélisse, angélique, hysope) aux épices lointaines. On dénombre vingt-sept herbes rares entrant dans sa composition. Parmi lesquels, les distillateurs modernes de Fécamp, révèlent ces noms délicieux: baies de genièvre, bourgeon de pin, écorce de citron, fleur de genépi, graine de cardamome, tige de cannelle, résine d’aloès, graine de coriandre, noix de muscade et de macis, fleur d’arnica, gousses de vanille, amandon d’abricot, miel de trèfle, graine d’ambrette, racine et semence d’angélique, feuille de capillaire, safran, thym, résine de myrrhe, tige de mélisse, feuilles de thé.`

Une salle au plafond façon coque de bateau © GP

La salle des moines © GP

On trouvera tout cela, mélangé en un savant mariage dans la Bénédictine d’aujourd’hui, qu’elle se livre en version DOM à l’ancienne, selon la recette de 1510, B & B (avec du Brandy) ou encore Single Cask, vieillie en petit fût de chêne. Rachetée par le groupe Martini-Bacardi, la pieuse liqueur a su demeurer fidèle à l’esprit des origines, sous son emboîtage métallique reproduisant une affiche de Capiello, de Mucha, de Sem ou de Javier Mariscal. Le produit est resté le même, même si l’emballage s’est – mais si peu – modernisé. La bouteille a troqué sa classique robe verte pour une belle couleur ambrée. La forme, très rétro d’apparence, avec son étiquetage ancien, a su garder son évasement bonhomme, comme ses parfums mystérieux.

Salle de distillation © GP

Résidus de plantes et tour du Palais © GP

Son secret de fabrication? Chaque produit est infusé ou distillé sinon totalement séparément du moins par groupe de quatre, conservant autant leur arômes soyeux que leurs envoûtants pouvoirs, avant d’être vieillis puis assemblés. Digeste autant que savoureuse, avec ses enivrants et mystérieux parfums, la Bénédictine de Fécamp n’a pas fini de nous émouvoir.

Trois bénédictines © GP

Palais Bénédictine

110 rue Alexandre-Le-Grand
76400 Fécamp
Tél. 02 35 10 26 10
Horaires : 10h30-12h30, 14h30-18h
Site: www.palaisbenedictine.com

A propos de cet article

Publié le 26 décembre 2017 par

Palais Bénédictine” : 1 avis

  • Lebouc

    Très bon article. Je suis une inconditionnelle du palais..et de la Benedictine (chut! ).et Bien plus , de la ville de Fecamp dont je suis tombée amoureuse qd j’ai posé les pieds sur la place de l’éclipse en 2001 …malheureusement partie 7 ans plus tard. à voir absolument

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