Moments au Mandarin Oriental Barcelona

Raül Balam en cuisine © GP

Carme Ruscalleda ? On la connut jadis dans son village maritime de Sant Pol de Mar, où cette autodidacte inspirée, fille d’agriculteurs, qui furent marchands de légumes, puis charcutiers, réalisait une cuisine à elle : fine, légère, habile, de haute volée technique, n’hésitant pas à bousculer la tradition, utilisant, certes, les produits locaux,  les poissons de la côte catalanes, mais aussi la viande et la chasse du pays et des collines, mais récusant le mijotage à l’ancienne mode.

Petit déjeuner chez Tiffany © GP

Le Pain Noir © GP

Depuis, Carme est devenue une star internationale, obtenant les trois étoiles tant convoitées au San Pau, doublant la mise avec deux étoiles à Tokyo, dans une table à la même enseigne, enfin deux autres à Barcelone dans une table chic et contemporaine, décorée et conçue par l’architecte-designer Patricia Urquiola, au cœur du très chic Mandarin Oriental, où son fils Raül Balam officie à sa place avec une efficacité sans faille. Moments ? Son univers citadin, avec vue sur un jardin intérieur et la cuisine en arrière-plan où s’affaire une brigade alerte. Les idées du moment, la tradition catalane réinventée, doucement transgressée, la terre et la mer mêlée sans complexe: c’est toujours sa manière, sous la houlette de Raül qui veille au grain.

Titanic © GP

Les épices de la passion © GP

Forrest Gump 1 © GP

La règle ici même ? Suivre le menu dégustation comme un rébus, une marelle, un jeu de l’oie, bref le bel itinéraire ludique du moment. Ces temps-ci, le 7e art est à la fête avec des films célèbres (d’autres moins, d’Espagne) réinterprétant en recettes créatives et savoureuses. Ainsi « le Petit Déjeuner chez Tiffany » est devenu un sac contenant une brioche à la soubressade, fromage et pomme, et une tasse en plastique qui révèle un délicieux bouillon au jambon. Ensuite, « le Pain Noir », c’est la soupe de pain avec maquereau et potiron. « Titanic »: des éléments marins, espardenyes, couteaux, pousse pieds et chantilly.

Forrest Gump 2 © GP

Octopussy © GP

Ou, encore, « les épices de la passion  » (réalisation mexicaine d’après un livre de Laura Esquivel) avec la caille en pétales de rose. Et, bien sûr, pour céder au grand Almodovar, « Femmes au bord de la crise de nerfs » avec un fringant gaspacho avec manchego, ail blanc et noir. Pour « Forrest Gump », on offre ici une visite de la crevette rouge en version poêlées sauce thaï et tartare épicées dans leur chips. Il y a encore le coup sur le cannelloni de poulpe, pomme de terre et paprika, en hommage à « Octopussy » de James Bond, le « Magicien d’Oz » revenu, avec le renfort de lunettes vertes, avec rouget, petits pois, poireaux et asperges et  encore « le Silence des agneaux » avec l’agneau de lait, la betterave, la cervelle d’agneau et le kastubushi, ce champignon japionais tremblotant.

Magicien d’Oz © GP

Le silence des agneaux © GP

C’est un peu gadget, pas forcément la manière manière d’aborder la cuisine catalane créative de la grande Carme (on garde, pour son prochain voyage ici même, la dégustation du riz aux queues de palourdes), mais le plaisir est là. L’amusement aussi. Avec, en parallèle, des vins ad hoc, comme le vif blanc rioja d’Allende et le riche rouge séveux Embruix de Vall Lach du Priorat.

Nemo © GP

Pulp Fiction © GP

Les fromages s’accompagnent d’une ratatouille pour le fameux « Ratatouille » de Pixlar. « Le Monde de Nemo » s’illustre avec un joli mélange léger d’amandes, eau de mer et corail. « Pulp Fiction » livre un savant milkshake à la fois fondant, craquant, crémeux, tonique, assez jouissif. Enfin, pour le classique « Charlie et la Chocolaterie », le chocolat est marié au thé vert, matcha et à l’huile d’olive. Bref, voilà comme une introduction joyeuse à une grande cuisine néo-catalane qui reste à découvrir…

Charlie et la chocolaterie © GP

La salle à manger face à la cuisine © GP