Didier Decoin et Christian Giudicelli annoncent les prix dans l’escalier © GP

Folie furieuse ce midi pour la remise des prix Goncourt et Renaudot – deux jolies lauréates cette année-là, entre Leïla Slimani et Yasmina Reza, pour des jurés réputés jusque là misogynes … Mais est-on venu pour cela ? Chaque année, Antoine Westermann régale le tout-Paris en même temps que l’Académie Goncourt et leurs collègues du Renaudot. De choses fines, exquises et brin alsaciennes, en vérité, car le grand Antoine, que relaye le Nantais Anthony Clémot aux fourneaux, n’oublie pas ses racines.

Antoine Westermann avant le repas © GP

Au menu de ce jour, du grand, du beau, du Westermann, époque Burehiesel, dont mes voisins de table, Patrick Poivre d’Arvor, Maryse et Philippe Gildas ou Gérard de Cortanze, mais aussi Francis Staub, l’homme des cocottes, et Yann Queffellec se régalaient sans mesure, avec de fraîches mise en bouche comme la coquille saint-jacques crue avec caviar Sturia Osciètre et gelée de poule et les cuisses de grenouilles poêlées au cerfeuil avec ses schniederspaëtle à la fondue d’oignons et au vinaigre de miel.

Saint-jacques crue et caviar, gelée de poule © GP

Cuisses de grenouille poêlées et schniederspaëtle aux oignons © GP

On trouvera sans doute un peu gadget le homard breton dans ses pommes reinettes rôties – , bizarre mariage, un rien breton, comme un clin d’oeil d’Anthony Clémot à ses origines. Mais pourquoi pas ? En revanche, on revient sur terre, si l’on peut dire, avec le bar cuit à la vapeur d’algues, son jus crémeux et fort savoureux au riesling et son très iodé tartare d’huîtres. Et, surtout, la noisette de chevreuil poêlée avec sa tourte au foie gras et son jus corsé au pinot noir, sa purée de patates douces et ses marrons braisés: riche, superbe, classique et chic, comme un joli retour aux origines du maître de céans.

Homard et pommes reinettes © GP

Bar en vapeur d’algues, jus crémeux au riesling © GP

L’Alsace, on pouvait aussi la savourer au verre avec le très frais et néanmoins ample riesling 2014 de Kientzler, le copain d’Antoine à Ribeauvillé. Mais comme les Alsaciens ont le coeur large, les Académiciens et tout-Paris ont pu goûter le joliment noiseté bourgogne blanc « clos du Murger » du même millésime d’Albert Grivault, le somptueux côtes du Rhône Sierra du Sud 2015 du domaine Gramenon au nez voluptueux et à la longueur exceptionnelle, avant le gevrey-chambertin 2009 du domaine Sérafin  accompagnant le le fromage de chèvre de Dominique Fabre avec son chutney de figues.

Noisette de chevreuil, tourte de foie gras, jus corsé au pinot noir © GP

J’avoue, à mon grand dam, avoir dû sauter la fin du repas pour rejoindre les studios de RFI à Issy-les-Moulineaux, pour évoquer, avec Jean-François Cadet, pour « Vous m’en direz des nouvelles », autant l’actualité littéraire de ce jour, que mes propres livres (« le Dictionnaire Amoureux Illustré de l’Alsace« , chez Plon/Gründ, « Dans la Tête de Pierre H« , Incipit/Steinkis). Mais je fais confiance à ma collègue Colette Monsat du Figaro qui a goûté (pour elle et pour moi) « la tarte Tatin d’ananas au poivre du Sichuan et au citron vert avec sa glace à la vanille Bourbon ».

Tatin d’ananas © CM

« En fait, la glace est un sorbet ananas façon Tatin au poivre du Sichuan« , me note Colette, ajoutant: « très réussi car bien frais en fin de repas« . Dont acte pour ces agapes, festives, littéraires et… digestives !

Yann Queffelec, Gérard de Cortanze, Françoise Rossinot, Didier Decoin avant le repas © GP

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