Romain

Romain, Guy et Annick Burckli

Mais non, je ne suis pas en Italie, même si j’en rêve. Me voilà chez les Burckli, que je connais depuis 35 ans. En ce temps-là, nous étions au Châteaubriand, rue de Chabrol, à quelques pas de la Gare de l’Est. Jean Grouet dirigeait les éditions Ruptures. Nous devisions de l’avenir avec lui et son pote Bernard Frank, de Raphaël Pividal qui avait écrit « Pays Sage », en goûtant les paglie e fieno alla contadina (avec truffes et foie gras!) en lorgnant, aux murs, les oeuvres de l’atelier Mourlot. Buffet, Lorjou, Kijno, Carzou faisaient faire leurs gravures juste en face. Depuis, les Burckli ont déménagé, se sont installés au coeur de la Nouvelle Athènes, et à deux pas de la place Saint-Georges, avec le fiston Romain, qui a grandi, donnant son nom au nouveau lieu, étoffant la carte des vins.

Guy, aux fourneaux, dont les pères émigrèrent jadis d’Engadine au Tessin, a le même défaut, corollaire de la générosité: il fait riche, a du mal à cuisiner simplement, préfère le beurre à l’huile d’olive, mais régale (trop!) les gourmands que nous sommes. Ses petites pizzas en pâte feuilletée, ses ravioli avec ricotta et basilic, son risotto milanaise comme ses supions farcis au riz à l’encre, avec petits pois et langoustines, puis le thon cuit en cube aux herbes font plaisir sans manière. On ajoute le merlot  San Leonardo des Dolomites du Marchese Carlo Guerrieri Gonzaga, le limoncello maison, le semi-freddo légendaire, le sourire d’Annick qui fait de l’accueil un bel art et du sourire une seconde nature.  Bref, voilà une nourriture « consolatrice » et une maison où l’on laisse ses soucis au vestiaire en les oubliant à la sortie.