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Houellebecq à table

Article du 12 avril 2016

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Que Michel Houellebecq était un passionné de cuisine, on ne se contentait pas de le supputer: on le savait, on avait même relevé quelques uns des plats cités dans son dernier roman, « Soumission », où l’auteur des « Particules Elémentaires » avait eu la bienveillance de nous citer. Jean-Marc Quaranta, professeur de littérature et maître de conférences à l’université d’Aix-en-Provence, fait beaucoup mieux: il se livre à une recherche approfondie, à la fois fouillée, documentée, proche de l’exégèse, tirant quelque soixante seize recettes de toute l’oeuvre de Houellebecq. L’analyse littéraire rejoint chez lui la recherche créative. Le commentaire de texte s’y mêle à l’empirique, la métaphysique à la gourmandise. Rien ne lui échappe: le récit d’un réveillon chez Jean-Pierre Pernaut, qui fait son « coming out » dans « la Carte et le Territoire », un repas d’affaire ou un voyage exotique (en Thaïlande) pour « Plateforme », un restaurant de nuit aux Halles, une choucroute ou un rollmops, et, bien sûr, toutes sortes de nourritures orientales disséquées avec gourmandise fournissent à Jean-Marc Quaranta matière à digressions savantes. Houellecq à table, d' »Extension du Domaine de la Lutte » à « Soumission », est un épicurien qui se dissimule à peine sous la casaque du misanthrope. On notera que le coût des recettes données est évalué en fonction des récompenses obtenues par MH, leur difficulté selon le nom de ses personnages, leur temps indiqué renvoie aux genres littéraires par lui pratiqués. C’est dire que l’humour n’est jamais absent de ce livre insolite, fervent, passionnant.

Houellebecq aux fourneaux, de Jean-Marc Quaranta (Plein Jour, 333 pages, 20,50 €).

A propos de cet article

Publié le 12 avril 2016 par

Houellebecq à table” : 3 avis

  • Bonté divine que ce Houellebecq écrit mal. On n’en voudrait même pas chez Harlequin.

  • Bibi

    Un regard de merlan frit…

  • laurence desmousseaux

    Pressé de Homard « Michel Houellebecq » du chef Franco Bowanee du Château Hôtel 5* de Vault de Lugny et Restaurant Gastronomique.
    Extrait du Livre « La carte et le territoire » de Michel Houellebecq p 174
    Le mot passion traversa soudain l’esprit de Jed, et d’un coup il se retrouva dix ans en arrière, au cours de son dernier week-end avec Olga. C’était sur la terrasse du château de Vault-de-Lugny, le dimanche de la Pentecôte. La terrasse dominait l’immense parc, dont les arbres étaient agités par une brise légère. La nuit tombait, la température était d’une douceur idéale. Olga semblait plongée dans la contemplation de son pressé de homard, elle n’avait rien dit depuis au moins une minute lorsqu’elle releva la tête, le regarda droit dans les yeux et lui demanda :
    « Est-ce que tu sais au fond, pourquoi tu plais aux femmes ? »
    Il marmonna une réponse indistincte.
    « Parce que tu plais aux femmes », insista Olga, « je suppose que tu as eu l’occasion de t’en rendre compte. Tu es plutôt mignon, mais ce n’est pas ça, la beauté c’est presqu’un détail. Non, c’est autre chose… »
    « Dis moi. »
    « C’est très simple : c’est parce que tu as un regard intense. Un regard passionné. Et c’est cela, avant tout, que les femmes recherchent. Si elles peuvent lire dans le regard d’un homme une énergie, une passion, alors elles le trouvent séduisant. »
    Le laissant méditer sur cette conclusion elle but une gorgée de Meursault, goûta son entrée.

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