Le Lux-Bar

En terrasse © GP

« Les feignants du Lux-Bar, les paumés, les horribles,
Tous ceux qui, rue Lepic, viennent traîner leurs patins,
Les rigolos du coin, les connards, les terribles
Qui sont déjà chargés à dix heures du matin…
Les racines au bistrot, ça va pas jusqu’à Blanche,
Et même les Abbesses, ils ont jamais vu ça!
Avec dix coups d’rouquin ils se font leur dimanche
Et je les aime bien, je n’sais pas trop pourquoi. » (…)

Affiche au mur © GP

(…) Et puis y a les souris des rues avoisinantes
Au valseur agressif, au sourire accueillant,
Qui font toujours la gueule et sont toujours contents,
Qui racontent leur vie en sèchant leur coup d’blanc.
Au Lux-Bar on s’retrouve un peu comme en famille ;
L’poissonnier d’à côté, çui qui vend du requin,
Vient y boir’ son whisky parmi les joyeux drilles
Qui ne sont rien du tout, mais qui sont tous quelqu’un. »

Les copains du Lux-Bar, les truands, les poètes,
Tous ceux qui dans Paris ont trouvé leur patelin
Au bas d’la rue Lepic viennent se faire la fête
Pour que les Auvergnats puissent gagner leur pain. »

Ainsi Bernard Dimey, qui résidait juste en face et avait pris ici pension, résumait l’atmosphère de ce bistrot d’un autre temps. l’endroit n’a guère changé, avec ses céramiques sur des thèmes montmartrois, comme l’évocation du voisin Moulin Rouge, au bar et en salle, sa terrasse fournie et achalandée en toute saison sur la rue montante. On vient boire ici un verre en l’honneur de l’auteur de « Syracuse » et « Ivrogne, pourquoi pas« , sans omettre de sacrifier à une tartine au pain Poilâne. Voilà un café parisien qui a gardé un brin de son bel esprit frondeur.

Au bar © GP