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Bref éloge de Guy Untereiner

Article du 11 juin 2010
Guy Untereiner © GP

Guy Untereiner © GP

Nous signons ensemble samedi après midi (de 14h30 à 19h) à la librairie Hisler-Even, rue du Petit Paris à Metz, il est mon compagnon d’agapes dans toutes les belles et bonnes tables, simples, grandes, modestes, exquises, savoureuses ou plus banales du Grand Est. Pur autodidacte, pâtissier avant de devenir illustrateur et peintre à succès, Guy Untereiner est un personnage clé pour comprendre l’Alsace d’aujourd’hui. Je reproduis ci après quelques unes des lignes que je lui consacre dans mon Dictionnaire Amoureux de l’Alsace. Vous croyez l’ignorer, alors que vous connaissez son art populaire et raffiné, distillé entre art de la table, cartes postales et objets divers. Cet artiste sincère est un passeur d’émotion à (re)découvrir.

Il gîte en Alsace bossue, copine avec la reine Christine (Ferber) et illustre une kyrielle de jolis ouvrages sur la gourmandise d’Alsace et de Lorraine. On le connut jadis en styliste facétieux pour la Manufacture d’Impression sur Etoffes de Ribeauvillé. Une brouille avec le patron de la maison, Jean-Michel Borin, dit « Jimboum », l’a amené à proposer ailleurs ses nappes « géniales » (le terme est du dit Jimboum) à d’autres et de concevoir une collection sous son nom.

Théières à l’anglaise, Alsace vue en technicolor et en multiples personnages drolatiques et animés, au gré de sa fantaisie et des saisons, mais aussi cartes postales amusantes, animalières et folkloriques ont fait de ce drôle de paroissien au verbe haut perché, volontiers hilarant, une sorte de Hansi de la campagne. On aime son air faussement naïf, savamment roué, ses idées vives et fraîches qui lui permettent de recréer une Alsace d’aujourd’hui – sa voisine Lorraine – à partir de la tradition d’avant hier.

Pur autodidacte, bûcheur né, il multiplie les illustrations en tout genre, prépare des expositions au gré de ses voyages. Il est parti au Japon et à Chicago, chez Jean Joho, retrouvant une inspiration ancienne, qui le titillait lorsqu’en bon pentecôtiste, il imaginait une Alsace rêvée, cousinant avec le pays Amish. Il s’évade du folklore, travaille la gouache comme le collage, renouvelle son inspiration jouant avec le pop’art ou retrouvant les images d’autrefois.

Dans l'atelier de Guy Untereiner © GP

Dans l’atelier de Guy Untereiner © GP

On pourrait lui voir un cousinage évident avec Hansi par sa haute taille, son nez en pirouette, son goût d’une certaine facétie enfantine, ses évocations villageoise dans une Alsace rêvée. Mais un Hansi moderne et roué, quotidien et ouvert au monde d’ailleurs, qui cousinerait aussi avec Norman Rockwell. Comme le dessinateur US de la côte Est, dont le magnifique musée de Stockbridge (Massachussets) évoque l’œuvre de peintre autant que d’illustrateur de magazines (Boy’s Life, Saturday Evening Post, Look), Guy Untereiner aime les gens simples qu’il met en scène avec joyeuseté, fermeté, sagesse, tendresse.

Il sait avoir le trait fin, même s’il reste toujours proche de la caricature. Ce personnage haut en couleur est un cas. Sa place dans ce dictionnaire amoureux est naturelle. Il m’a portraituré en « Gilles im Schnokeloch » et m’accompagne souvent, en bon voisin gourmand, dans mes tournées du sud ou nord de la province. Il a le sens de la formule, manie l’ironie avec brio. Trace de l’Alsace, qu’il rebaptise « Pudloland », juste pour moi, des contours neufs. Bref, ses avis sont toujours pertinents et son humour fait mouche.

J’oubliais l’essentiel : ce paroissien de Siewiller qui se moque volontiers des Lorrains, alors qu’il est né en Moselle et que sa commune la touche du nez (« le quart-monde est à nos portes », lance-t-il souvent dans une formule que j’ai reprise ailleurs), est un pur autodidacte. Pâtissier, jadis aux Trois Roses à la Petite Pierre, puis au Soldat de l’An II de Phalsbourg, il est devenu peintre et illustrateur comme on endosse un sacerdoce.

Il représente l’une des figures (déjà) légendaires de l’Alsace d’aujourd’hui. Avec lui, comme avec Dreikaus, Siffer, Waydelich et, bien sûr, Ungerer, l’Alsace héroï-comique, a, en ce début du XXIe siècle, son fin mot à dire. »

L'homme au lapin © GP

L’homme au lapin © GP

(extrait du Dictionnaire Amoureux de l’Alsace, Plon)

Le site de Guy Untereiner

A propos de cet article

Publié le 11 juin 2010 par

Bref éloge de Guy Untereiner” : 4 avis

  • Joe

    Merci pour cet éloge de Guy, il est mérité, et bienvenue pour cet artisan de l’Alsace…

  • daniel

    la gentillessse en personne,il aime les grumberre knepple

  • laurence

    Guy est bien plus beau en vrai !

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