Au Fin Bec

Au Fin Bec © GP

Je me souviens de cette adresse conviviale et ludique aux temps, pas si lointains, où nous arpentions, le  tant regretté Lionel Poilâne et moi même, le bitume de Paris en quête des belles adresses du moment, pour ne pas dire de l’or du temps. On ouvrait ensemble la porte d’une table ou d’une boutique comme on se penchait vers le passé, comme si l’on retrouvait nos racines, en croyant trouver les prémices d’une pièce de Labiche ou de Feydeau. Et on goûtait là des plats de mémoire. Au Fin Bec, c’était la beuchelle tourangelle et la sole au beurre blanc qu’aurait sans nul doute aimé le prince Cur,  autrement dit Maurice-Edmond Sailland l’angevin, qui gîtait à deux pas, square Bergson, juste derrière l’église St Augustin.

Plaque en mémoire de Curnonsky, square Bergson © GP

La demeure est plus prosaïque, mais sans grand changement apparent, avec sa façade nostalgique, son intérieur années 1950, ses teintes crème et pourpre, ses casseroles en cuivre aux murs, ses recoins cosy.  Marie-Claude Mousty accueille avec sa gentillesse naturelle, tandis que le fidèle Daniel Niveau joue une partition classique à peine rajeunie. Les profiteroles au sésame, mousse de saumon fumé et mesclun, la salade de magret de canard aux cerneaux de noix et roquefort, le dos de saumon grillé avec son beurre à l’oseille, le foie de veau poêlé au bacon et vinaigre de xérès pommes vapeur ou la Tarte Tatin sont un brin vintage (on disait autrefois « rétro »), sans effet de manche, mais sans mauvaise surprise.