Les Saisons
« Paris 9e : les nouvelles Saisons »
Cette jolie maison de quartier, genre bistrot de copains sur deux étages, qu’on connut sous divers noms (Jean l’Auvergnat, Velly, Villa Victoria), avant que les Lutz n’en fassent les Saisons, a été reprise discrètement par un joyeux trio qui fait vite, bon, savoureux et pas (trop) cher, surtout le midi avec une imparable formule à l’ardoise. Le chef, Damien Goutry, a travaillé en Norvège et à Londres, les deux associés de salle connaissent la musique, comme Philippe Frejat, qui tint une brasserie près de la porte de Versailles (« Autour de » , rue de Vaugirard, dans le 15e), et Patrice Le Nouvel qui dirigea la salle du Meurice et a délaissé les ors et strass de palace pour endosser l’habit de l’aubergiste bonhomme.
Bref, tout ce beau monde semble s’amuser comme des petits fous, tout en nourrissant le chaland pressé de fort jolie façon. Ainsi, les asperges blanches des Landes, œuf poché, sauce mousseline, le carpaccio de langue de bœuf avec câpres et sakura (manque sans doute un brin de sauce gribiche, comme chez les voisins des Canailles de la rue la Bruyère), l’excellent risotto au potimarron, coriandre et gingembre ou encore la fine bourride de poisson, avec maigre fumé, moules et coques (mais des légumes un peu sous-cuits donc durailles).
La belle surprise? Des vins malicieux, raisonnablement tarifés, proposés au verre, comme le formidable « Musardises » du domaine les Grandes Costes en Languedoc (avec un fruité incroyable et un important pourçentage de cinsault, 60 %, le reste – 20% et 20 %- en syrah et grenache évidemment). Les desserts très « comme chez grand-mère » ont du caractère – comme cette délicieuse crème brûlée au caramel salé et ce réconfortant crumble fraise-rhubarbe. L’ambiance est douce, les vitres de verre gravé ont belle mine, les tables en bois rassurent. Bref, on a envie simplement envie de prendre là de bonnes habitudes.