Chez Kikunoï © DR

Ce matin, publication des étoiles du nouveau guide Michelin Kyoto/Osaka/Kobe. Révélant 12 « trois étoiles »(dont 7 à Kyoto), 46 « deux étoiles » (dont 22 à Kyoto) et 185 « une étoiles » (dont 71 à Kyoto). J’en profite pour relire mon papier du Point de mon époque tourisme sur Kyoto. Et vous le livre aujourd’hui, avec mon commentaire sur Kikunoï, l’un des trois « trois étoiles » kyotoïtes. Attention, prix et renseignements n’ont pas été actualisés (ils datent de 1998). Mais vous avez, désormais, le Michelin 2011 pour le faire…

Yoshihiro Murata © DR

De Tokyo, la route est longue: cinq heures à traverser villes, faubourgs, montagnes, avant d’atteindre au miracle de la cité impériale préservée. Un préambule? Le sanctuaire de Yasaka-jinja qui ouvre ses dix d’hectares par un portique de pierre.

On pose devant des lampions ornés de calligraphies bouddhiques, avant de découvrir le voisin temple de Chion-in, abritant la secte Jodo. Au-delà des marches, la cour du temple recouvre de nombreux bâtiments en équerre. Le plus vaste: le Mie-do, avec son autel à baldaquins, sa galerie qui le relie au contigu l’Amida-do. Plus haut, c’est une cloche géante de 74 tonnes dans un beffroi en bois: le Shoro.

C’est la meilleure introduction culturelle au repas traditionnel d’ici. Yoshihiro Murata, as de la cuisine Kaiseki-ryo, jouant autant de l’esthétique que du met saisonnier, au fameux Kikunoï, vous aura préparé mille merveilles imprévues. Sur les chaises à même le sol d’une maison de tradition, vous goûterez aux saveurs locales dans tous leurs états. Gâteau de pommes “ Magamo ” avec abalone au saké, sushi de daurade en feuille de bambou, congre fumé au gingembre, pommes de terre aux oursins, oeufs de dorade, haricots de soja, escabèche de “ aïnamo ”: on est perdu.

On a envie de dire: “ n’en jetez plus! ” Mais c’est encore “ l’ayu ” (d’exquises sardines) grillé au charbon de bois puis le thon en tataki, les poulpes à l’aubergine, plus une soupe au soja à la graine de sésame. On est  proche de rendre grâce. Il y a encore le poisson à la vapeur au thé vert et ses nouilles au sarrazin, une langouste frite aux tiges de bambou, avec pois verts aux oeufs, feuilles de sansho, enfin le blanc manger aux fraises.

A Kyoto, la cuisine est une fête. Mais qui permet d’accomplir une promenade digestive vers d’autres temples. Tofuku-ji, avec ses rives romantiques, ses passerelles en bois, ses jardins secs, dits “ kare-sansui ”, de pierres et sable, voués à la méditation. Kiyomizu-dera, avec son Hon-do de bois, ses sentiers suspendus, dominant la ville, ses terrasses, sa fontaine où les visiteurs s’abreuvent avec une longue cuillère, fait une promenade de crépuscule.

Le soir, on se promène sur Shijo-dori, la rue des plaisirs: boutiques en tout genre, galeries couvertes de toits orientaux, ruelles avoisinantes bordées d’(innocents) bars à geishas, Gion Corner où se produisent les comédiens du théatre No.

Lendemain, après une nuit paisible au Brighton Hotel, palace à l’américaine avec atrium et service en uniforme plié en quatre – la norme au Japon-, on est programmé pour une visite express: le Pavillon d’Or, qui fit rêver Mishima, le temple de Ryoanki avec son jardin  sec en forme de mer de sable agrémentée de quinze cailloux d’inégale dimension, symbolisant, chacun, une île, face à un mur de terre.

Il ne faut pas être grand clerc shintoïste pour comprendre la symbolique du lieu. Le sable, soigneusement ratissé chaque jour, est comme les aiguilles d’une horloge jamais lassées de leur course. De ces jardins secs dits “ Kare Sansui ”, Kyoto semble profuse. D’auberges de traditions aussi.

L'automne à Kyoto © DR

Avant de reprendre le train, on visite comme des conservatoires de l’hôtellerie nippone les deux plus célèbres Ryokans du Japon, qui se font face. Le premier fut fêté par Kawabata, qui le fréquenta: c’est Hiragiya. Mais son voisin Tawaraya, vis à vis, est, également, un monde à part. On vit au ras du sol. La décoration est minimaliste. Les tatamis au sol imposent le retrait des chaussures. Dans les salles de bains (marbre, bois de cyprès), le luxe s’est glissé en catamini.

Ici, comme aux “ jardins secs ”, le Japon est voué aux vertus du silence, au bonheur de la méditation, au scrupuleux respect de la tradition.

Carnet de Route

Y aller

Kyoto (Japon), à 513 km et 3h de train rapide (Shinkansen) de Tokyo et 40 km d’Osaka. Vols Paris-Tokyo assurés par Air-France, JAL et ANA.

Dormir

Hiragiya Ryokan © DR

Brighton Hotel, Nakadachiuri Shimachi-dori. Kamigyo-ku. Kyoto. Tél: 75 441 4411. Fax: 75 431 2360. Ch: 21000-3000 Yens.
The Myako, Sanjo Keage, Kyoto. Tél: 75 771 7111. Fax: 75 751 2490. Ch: 25000-48000 Yens. Deux palaces modernes. Rés. Leading Hotel of the World:  01 53 67 10 10.
Tawaraya, Fuyacho, Oike-Sakaru, Nakagyo-Ku. Kyoto. Tél: 75-211-5566. Fax: 75-2112204. 1/2 Pens: 40000-75000 Yens.
Hiragiya, Fuyacho Anekoji-agaru, Nakagyo-Ku. Kyoto. Tél: 75-211-5566. Fax: 75-2112204. 1/2 Pens: 40000-80000 Yens. Deux “ ryokans ” célèbres, exemples d’hostellerie à la japonaise.

Manger

Nombreux restaurants japonais traditionnels avec, en vedette, Kikunoï (Kiyamachi-shijo Sagaru, Shimogyo-ku, Kyoto. Tél: 81-75-361-5580). Cuisine Kaiseiki signée Yoshihiro Murata. Pour manger lyonnais et léger, le Bellecour (59 Tanaka Satomaecho, Sakyoku, Kyoto. Tél:075-711-7643), tenu par Tomoyuki Matsui, formé à Tokyo, fasciné par la France.

Visiter

Kyoto, capitale impériale durant 1100 ans (794-1867), détient un trésor artistique de 2000 temples et sanctuaires, 350 jardins, mais aussi musées, centres d’artisanat et quartiers anciens aux maisons de bois.

Pratique

100 yens=4,50F. Pour téléphoner au Japon: 00 81. Pas de visa pour un  séjour de moins de 3 mois.

Lire

L’indispensable Guide Bleu “ Japon ” (Hachette).
“ Le Pavillon d’Or ” de Mishima (Folio).
Guide Michelin Kyoto Osaka Kobe

Utile

Office du Tourisme Japonais à Paris, 4 Rue Ventadour, 75001 Paris. Tél. 01 42 96 20 29. Métro : Pyramides