Le Richelieu

Salade gourmande au foie gras de canard mi-cuit © GP

Grandes Landes sauvages, avec ses pins qui ploient sous les assauts du vent, belles Landes de l’éco-musée de Marquèze, avec ses demeures à colombage, si joliment reconstituées, noms chantants, comme des arènes de corrida, de Peyrehorade, de Mont de Marsan, Landes de Chalosse, sinueuses, riches, fertiles et douces, qui procurez le bien être vers Eugénie les Bains, Landes au bord de leur rivière, avec ses maisons nobles qui se mirent dans le fleuve, comme à Grenade sur Adour… je connais mille landes heureuses.

J’oublie au passage Pissos de mon ami Jean-Paul Kauffmann, qui y rédigea « la Maison du Retour« (Nil éditions), où il raconta son pays avec des grâces chardoniennes (« il me faut des ciels mouillés, des chemins creux, une lumière changeante et fraîche, les prairies luisantes, l’odeur putride de la marée, les emportements du vent »). Ou encore celles des Coussau de Magescq, mais on en parlera vite. Autant que des rives de Capbreton, des abords iodées de Latche et de Hossegor.

Ce soir, me voilà au Richelieu, chez les Pantel. Thierry, jeune quinqua, qui tient la demeure avec verve, reçoit là depuis trois générations. Les chambres ont été revues modernes. La grande salle à manger est confortable, claire, chaleureuse, l’accueil débonnaire, le service civil, la cuisine joue le rapport qualité prix à feu continu et le régionalisme avec malice. Les menus sont comme des amis fidèles qui conseillent avec raison. Salade gourmande au foie gras mi-cuit généreuse, fin tartare d’huîtres, macaronade de sole au jurançon, confit de canard, tournedos aux cèpes, poitrine de pigeon à la plancha façon Rossini ou parfait glacé au caramel au beurre salé, sans omettre pastis d’Amélie façon pain perdu forment une succession de mets heureux, généreux et vrais. Il y a encore, les vins d’ici, le jurançon moelleux, le pacherenc, les bordeaux à prix d’amis, le sourire donné de nature. Bref, le bonheur est là comme une offrande. A vous de le saisir.