L’abbaye d’Hautvillers © GP

C’est un matin d’hiver dans le droit fil de la Marne. Hautvillers, les lignes de l’abbaye, les colonnades, l’ancienne salle de réfectoire, le jardin policé, qui fut, sous la houlette de son prieur Dom Pérignon, né à Sainte-Menehould, le berceau de la méthode champenoise, séduit avec rigueur. Le grand prêtre du culte jadis lancé par Dom Pérignon, le sectateur suprême se nomme Richard Geoffroy. Ce fils de vigneron qui fut jadis tenté par les études de médecine – qu’il accomplit jusqu’au bout, mais sans jamais exercer – est devenu le « winemaker » de Dom Pérignon, le nouveau pape vineux de Moët et Chandon. A la fois son maître d’oeuvre et son gourou. Il le vend autant qu’il le raconte, le propose en justifiant les plus belles épousailles. Cet homme du vin est à la fois un technicien zélé et un poète agile.

Richard Geoffroy et Dom Pérignon © GP

C’est lui qui fait, pense, accomplit, vend et vante ce vin mythique et surtout le signe. Avec lui, déguster est à la fois un plaisir et une ascèse. On goûte ensemble dans le silence. Puis les paroles s’élèvent. On note, mais on ne sait plus si ce qu’on exprime alors, en brèves saccades sur la page blanche, est de son fait ou du vôtre. Avec Richard, complice et poète, goûter le vin, c’est le célébrer.

Avant la dégustation © GP

Dom Pérignon 2003 : minéral, vif, tranchant, même s’il est très intense – on l’attendait solaire –

Dom Pérignon rosé 2000 : jouant sur les parfums et les fragrances autant que la couleur (pamplemousse rose, géranium mentholé), divinement séducteur.

Richard goûte © GP

Dom Pérignon 1999 : iodé, marin, voyageur. Mais aussi buissonnier… avec des notes de fleurs blanches, comme suspendues en finale longue.

Au travail © GP

Dom Pérignon 1969 : plein, riche, musclé, verveux, d’une singulière jeunesse. A regoûter bien vite.

Les cinq flacons dégustés © GP

« Faire le vin, c’est, dit Richard Geoffroy, taper dans le millésime et l’exprimer ». CQFD.

Quelques vignes dans la vallée de la Marne © GP