Lisbonne, sur un air de fado
Des fils d’or parsèment le Tage. Un navire russe barre l’estuaire. Depuis le square du musée d’art ancien, les docks d’Alcantara dévoilent leur cargaison. Un chalutier s’apprête à faire route vers Terre Neuve. Les odeurs de sardines se diluent dans la fraîcheur du jour.
Depuis Alfama, dont les venelles défilent en escalier, les tuiles des toits orangés jurent avec le gris-bleu du fleuve. Non loin, sur le Rossio, les belles passantes s’arrêtent, encombrent la terrasse du Nicola, rient aux éclats. Rue Garret, au Chiado, la statue en bronze de Fernand Pessoa, le poète national, voisine avec le vieux café A Brasileira.
Mais qu’est-ce donc que ce vieux village qui se mue soudain en métropole bruyante, bruissante, si vivante, puis tout à coup, se fait déserte, face à la mer, ou encore sur l’immense place du Commerce que Larbaud désignait comme le plus bel esplanade d’Europe? Ici, s’achève le Vieux Continent. Et c’est pourtant là qu’il commence, avec ses rites, ses habitudes, ses bonnes manières. Les salons de thé offrent les meilleurs expresso, hors Italie, avec ceux du Budapest.
La gourmandise est dans la rue, si quotidienne. Les dames et les messieurs croquent un gâteau à la crème brûlée, vite fait, au comptoir, dans l’un de ces inombrables cafés Mitteleuropa qui ont nom Benard, Confeiteria Nacional ou encore Confeitaria de Belem. Le soir, le chant du fado prend des accents de plainte maure, dans les cafés du Bairro Alto ou d’Alfama.
Plein ouest, sentinelle sur l’Atlantique, cette cité un peu celte sait jouer à merveille de tous les registres. On croit pouvoir la définir en clin d’oeil, la saisir près de la Tour de Bélem ou du pont Vasco de Gama, le plus long d’Europe, et voilà qu’elle vous échappe. La vérité est que l’on ne comprend rien à Lisbonne si l’on s’attarde sur une image. Cette ville est un puzzle.
La capitale européenne, la plus proche d’Afrique, c’est elle. Qui demeure blanche et belle, s’est rajeunie, nettoyée, modernisée pour l’Expo’98, qui a laissé sur elle de belles traces. Le parc des Nations abrite ses pavillons préservés, dévolus aux congrès, expositions, spectacles, restaurants, sans omettre un aquarium géant, qui est le plus vaste d’Europe. Une partie des docks se sont modernisés, à Alcantara comme à Belem, accueillant une jeunesse qui aime se coucher avec les premiers feux de l’aurore.
Moderne-ancienne: c’est Lisbonne. A côté des bâtiments futuristes de l’Expo 98, le vieil Alfama, ses ruelles montueuses, ses marchandes de légumes, qui vendent le chou pour le caldo verde, les feuilles de navets pour confectionner une insolite – et ici classique – purée, les étals de poissonniers, les petits restaurants populaires où l’on propose le poulet en “ churrasco ” sur le grill ou le ragoût de lapin pour quatre tables abondent.
Le contraste reste saisissant. Ici, une rue de village où les linges qui pendent, là des bâtiments qui joue l’Odyssée de l’Espace 2001. Là encore, des docks rajeunis avec la folle et bruyante atmosphère post-moderne de l’Alcantara Café, là les rues anciennes et les façades 1900 du Chiado et puis une ancienne banque, non loin de la mode, mué en splendide Musée de la mode et du design. Et aussi ce musée tout récent (« Lisboa Story ») contant les grands épisodes de la ville au cours d’un parcours ludique et initiatique, à deux pas de la place du Commerce qui a vu passer tous les grands événements locaux.
Lisbonne, à la fois vive et gourmande, nostalgique et amoureuse du présent, s’amuse de cette diversité qui fait son charme, compte ses plaisirs, les exhibe avec bonne volonté, sans aucunement les galvauder.
Turismo de Lisboa, Rua do Arsenal, n°15, Lisbonne. Tél. +351 21 031 27 00
Site : www.visitlisboa.com