Diana

Michel Baly et Michel Knipilaire © GP

Michel Baly, ce malicieux aubergiste mué en businessman de choc et de charme, je vous en ai touché un peu plus qu’un mot. Son petit empire hôtelier s’étend de Molsheim à Bâle, en passant par Colmar et Obernai. Il joue ici la maison d’hôte, là l’hôtel de charme, là encore la halte moderne dans une zone d’activités (le Bugatti à Molsheim). Son navire amiral est le Diana qui a des allures de motel années 1970, avec son parc/parking en lisière de la Bruche. Ce qui pourrait être une « boîte à séminaire » prend des allures de galeries d’art.

Crème froide de petits pois © GP

Il y a les oeuvres du copain Kijno, les oeuvres de Ben, les clins d’oeil à l’école de Nice, d’Arman à César, entre les chambres fonctionnelles, les salons, la salle à manger revue contemporaine, blanche et zen, sans omettre la table de la cuisine – celle du chef -, avec les photos en noir et blanc du maestro André Villers, les portraits de Picasso, Cocteau, Dali, Chagall et j’en oublie… Bref, de l’art au lard, il y a, surtout en Alsace, un pas vite franchi. Depuis trente ans, Michel Baly travaille avec un chef fidèle, sage, discipliné, bon technicien, modeste et appliqué, qui se plie, semble-t-il, à toutes les modes.

Baguette de crabe en salade estivale © GP

Ces temps-ci, la carte maison s’est simplifiée, réduite, raccourcie, mais sans tomber dans la brasserie. Je m’explique: les produits sont de première qualité, l’exécution parfaite, les idées malicieuses, revoyant la tradition avec une malice très…Baly. Bref, vous vous régalerez sans mal avec la crème froide de petits pois servie en amuse-gueule, la (superbe) baguette de crabe aux airs de gros nem en salade (de sucrine) estivale avec sa sauce « spicy », genre mayonnaise pimentée avec un brin de ketchup, et encore le sandre simplement rôti, avec son nem de choucroute et sa légère crème au lard.

Sandre rôti, nem de choucroute, crème au lard © GP

C’est à la fois moderne, exotique et… alsacien! On ajoute que la carte des vins est d’exception. Passionné par les bons produits comme les vignobles d’exception, Baly possède, avec les siens, une vigne à Barsac (château Coutet) mais aussi à St Emilion. Et lorsqu’il met sur la table un Pape Clément 2007 du mégalo Magrez en assurant qu’il est « au top du plaisir du moment » on le croit sur parole, d’autant que la dégustation lui donne raison.

Faux filet de Salers en « guacamole » d’estragon © GP

Glissons que la viande rouge maison, signée Metzger aux halles de Rungis, est issue de Salers et le faux filet flanquée d’une béarnaise renommée « guacamole d’estragon » fait un bien joli moment. In fine, car ici on ne fait rien comme personne, on sacrifie aux desserts servis en mini-portions façon tapas renommés « composez votre café gourmand » (et tarifés 2 € pièce). Le cornet glacé Mojito et le tiramisu aux quetsches et cannelle ne sont pas mal.

Salle de restaurant © GP

Bref, il y a un aubergiste malicieux à Molsheim, à visiter pour la surprise et le plaisir…