L'Europe

André Lorentz & GP © JS

Ce midi : repas sage sur une terrasse insolite. Nous sommes à Haguenau, le petit Strasbourg du Nord de l’Alsace. La zone à défaut d’être touristique est résidentielle. La perle du lieu? Un hôtel années 1980 qui achève sa mue, sous la houlette de Freddy et Sébastien Ernwein, père et fils, qui l’ont repris non sans dynamisme et revu avec sobriété.

AL & Freddy Ernwein © GP

Il y a là une piscine, un jardin, une salle-véranda avec vue sur l’eau. Je dois à André Lorentz, le plus curieux des vignerons d’Alsace, cette redécouverte amusante et amusée. On moque ensemble les moches serviettes en papier. Mais on loue la prestance du service mené par le jeune Michel Salinière qu’on avait aperçu au Cheval Blanc à Lembach. En cuisine, le picard Philippe Gressier, venu du Dolce Chantilly et du château de l’île à Ostwald s’en tire étonnamment bien sur une partition serrée.

On pratique ici des formules buffets et plats du jour très bon marché au déjeuner, d’autres plus gastros mais légères. Et l’ensemble se tient fort bien. La salade de langue de veau aux condiments, le foie gras de canard avec son pain bretzel chaud et sa compotée d’abricots, les saint jacques et scampi poêlés à l’émincé de poireaux, le tartare au couteau, préparé à la table, le loup à la plancha avec ses tagliatelles à l’encre de seiche, comme la cocotte de volaille farcie sous la peau avec ses knepfle aux champignons sont du travail de ciseleur. On ajoute le rituel kougelhopf glacé au marc de gewurz qui rappelle opportunément qu’on est en Alsace comme le riesling grand cru Kirchberg de Barr en 1999 d’une élégance altière avec son joli de nez de pétrole.

Kougelhopf glacé © GP

Laissons le mot de la fin à André Lorentz, mon commensal, à propos du patron qui vogue en tout sens et nous laisse une demi heure sans rien croquer: « s’il peut apparaître dépassé par les événements, au moins il sait s’entourer. » Donc acte.