Nîmes: sous la féria, les halles

Article du 15 décembre 2011

La maison carrée © GP

Etrange ville: verte et paisible, elle semble dormir dans une douce torpeur, une chaleur bienheureuse, pour ne se réveiller que sept jours dans l’année en septembre, avant ses dix jours à la Pentecôte. C’est alors la Féria. Et la ville devient folle, mondaine, animée jusqu’au vertige. Les taureaux sont lâchés dans la rue. Les arènes font sièges combles. Les calèches et chevaux défilent dans les jardins de la Fontaine. Le problème est que Nîmes vit toute l’année dans l’attente, la préparation, les prémices, les allées-venues de la Féria. Comme si 25 semaines étaient juste assez pour se préparer à la 26e. « Rome française », riche en beaux bâtiments d’époque gallo-romaine (fameuse Maison Carrée, immenses arènes, mystérieux temple de Diane), Nîmes vaut plus qu’une visite une  ou deux semaines l’an. Pour voir d’abord que la ville d’art s’est mise à l’heure du temps présent.

Le Carré d’Art © GP

Martial Raysse a réaménagé la place d’Assas, Jean-Michel Wilmotte a donné un coup de jeune à l’hôtel de Ville comme à l’école des Beaux Arts sise dans l’ancien hôtel Rivet, le Carré d’Art, palais de verre et de béton, conçu par l’anglais Norman Foster, abrite les oeuvres de Braque, Picasso, Duchamp, Chirico. Mais les terrasses au soleil sur la place aux Herbes, les frais ombrages du jardin de la Fontaine, et des quais du même nom, à deux pas de la Maison Carrée,  tout comme l’énigmatique temple de Diane, tout près frais bassin de la Source, indiquent que la beauté de Nîmes est de tous les temps,  de toutes les époques, sachant aussi, mais oui, se défier des modes. Ce que l’on sait moins, c’est que la bourgeoise ville de Nîmes qui est aussi la cité originelle du jean (issu de toîle de Nîmes ou « Denim ») possède la gourmandise chevillée au coeur. Pour s’en convaincre, il suffit de découvrir son marché qui rassemble, sous une halle moderne et fort bien climatisée, les beaux produits d’une région qui fait le joint entre la Provence et le Languedoc. Les Cévennes, c’est la porte à côté.

La Camargue n’est pas loin. Et l’influence de l’Espagne est proche. Les chefs d’ici ont longtemps hésiter à remettre au jour le patrimoine gourmand d’avant. Que, près de l’aéroport de Garons, le lorrain Michel Kayser réinvente la brandade et les us et coutumes de l’olive verte ou noire. Et surtout que les Halles d’ici, quoiqu’en plus modestes, sont le pendant de celles, fameuses, de la Part-Dieu à Lyon. Poissons de Méditerranée, olives « picholines » qui sont, sans doute, les meilleures de France – alors que l’huile d’ici est classée AOC – , bons chèvres de Pélardon, splendides agneaux, belles cailles et petits pâtés en vogue méritent plus qu’une dégustation floklorique. A cela a-t-on envie d’ajouter les gourmandises sucrées comme les croquants Villaret, les vins qui renaissent et se nommaient autrefois Costières du Gard avant d’être fièrement et simplement Costières de Nîmes. Un domaine comme la Tuilerie de Chantal Comte a d’ailleurs fait beaucoup pour sa gloire.

Huile d’olive de Nîmes © Maurice Rougemont

Il y a évidemment de la qualité là-dessous. Et Nimes qui vaut plus qu’une visite, vaut aussi davantage qu’une brandade, même si ce plat « national » est fêté chaque jour dans les foyers et les échoppes avec une ferveur qui prouve bien que la cité modeste, diserte et – pourquoi ne pas le dire – volontiers puritaine et protestante – a du coeur au ventre.

Les arènes © GP

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Tél.04 66 36 96 30
Site : www.tourismegard.com

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Publié le 15 décembre 2011 par

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