Le Coq

Marie Dias © GP

Elle est, depuis cinq ans, l’autodidacte de choc du Coq de Juliénas, où nous connûmes jadis Claude Clévenot, puis Jean-Paul Lacombe. Le lieu, sur la grand place du village face à l’église, a du caractère, du cachet, du raffinement, joue le bistrot sophistiqué avec sa déco soignée, son comptoir, ses tables en marbre. Marie Dias  y cuisine comme l’oiseau chante au fil des jours et du marché. Elle, que l’on connut naguère en hôtesse de charme au Relais de Montmartre de Viré est devenue une mère beaujolaise de talent.

Les amuse-bouche © GP

Elle propose, au gré de menus bien pondus (notamment une imbattable formule à 23 € au déjeuner), des propositions pleines de tonus qui mettent en valeur les produits du pays beaujolais et lyonnais. L’amuse bouche sur sa planche canaille parle d’or. Avec le pressé de coq, le pâté en croûte, les pickles de betterave. Les hors d’oeuvre ne manquent pas de tonus, cumulant oeuf parfait avec sa sauce meurette,  son lard au cochon noir de Bigorre, le velouté de patate douce aux épices avec sa cervelle de canut à la coriandre et les escargots au beurre persillé servis en cocotte et flanqués d’une petite salade fraîche.

Oeuf meurette © GP

On cède avec plaisir au rituel coq « ivre de vin rouge » (reprenant une appellation de Claude Peyrot au Vivarois qui mariait, avenue Victor Hugo à Paris, coq et pommard) avec ses oignons doux et son exquise purée de pomme de terre battue au beurre, comme à la volaille de Bresse à la crème relevée d’un fumet d’endive au bacon. On n’oublie pas au passage le cabillaud avec sa bisque de homard à la courge, ses haricots cocos, qui confère une note iodée à un menu largement terrien.

Coq ivre de vin rouge et sa purée © GP

Et, en dessert, Marie Dias, qui n’est pour rien la mère de Marvin Brandao, le pâtissier surdoué de Lyon du moment, indique ce qu’elle maîtrise parfaitement le registre sucré. Avec un splendide riz au lait à la gousse de vanille et groseille, une subtile poire pochée au vin et à la cannelle plus une tarte au citron à fondre sur place. Bref, avec un juliénas de rigueur, comme le si fruité « clos du Fief » de Michel et Sylvain Tête, on passe ici un moment de pur bonheur.

Les desserts © GP