Chez Denise "A La Tour de Montlhéry"
« Paris 1er : éternelle Denise ! »
Cette institution des halles, dont on vous a parlé il y a belle lurette, on pensait l’avoir perdue. Denise Benariac a rejoint son mari Jack Paul au paradis des aubergistes. Mais le lieu a été sauvé par deux patrons de brasseries jouant ici les mécènes : les murs ont été rachetés par Olivier Bertrand, du groupe éponyme, tandis que le fonds est géré par Alain Grandière, boucher de son état et fournisseur de nombreuses brasseries en viande, à qui on doit déjà le rachat de Balzar.
Le miracle est que tout continue comme avant avec une équipe de cuisine qui n’a guère changé – et le fidèle Sébastien aux fourneaux -, le service féminin toujours charmant, ainsi qu’une ardoise identique à ce qu’elle fut. Au programme, l’excellent foie gras de canard maison, la belle terrine de campagne du chef, le pied de cochon grillé (servi toujours sans béarnaise) ou la royale marmite de tripes ne souffre d’aucun reproche.
On aime aussi le foie de veau (épais, servi rosé) à l’anglaise, avec sa tranche de lard rôti, comme le rognon de veau sauce moutarde, plus les croquante frites maison. Bien sûr, tout cela est plus généreux que fin, mais le service a des grâces inaccoutumées (on vous sert les tripes à volonté et l’accueil se fait non stop mais l’accueil tardif a été un peu raccourci).
Côté vins, le reuilly rouge de Claude Lafond et le saumur champigny du domaine de la Guilloterie, parfaitement fruités et friands, avec un côté primesautier pour le premier et plus rond, plus profond pour le second, se boivent à l’aise. Quant aux le baba au rhum avec sa belle chantilly, sa bouteille de « Negrita », cher à notre regretté Jean Schmitt du Point qui y déjeunait avec l’illustrateur en chef du lieu Raymond Moretti, et lâchait en fin de repas : »alors baba au rhum ou m..! » demeure égal à ce qu’il fut.
On aime aussi le mousse au mousse au chocolat et un peu moins le millefeuille vanille (avec son feuilletage un peu lourdaud, mais la crème vanille n’est pas mal – elle pourrait être juste plus abondante). Mais l’ensemble ne manque ni d’allant, ni de rondeur, ni, on l’a dit en liminaire, de générosité. Ainsi, la vieille prune de Joseph Cartron à Nuits Saint Georges offerte en fin de parcours et laissée sur la table à discrétion. Vive Denise l’éternelle et santé à tous!