La Roya

On a voulu faire de St Florent une sorte de St Tropez du nord de la Corse. Il y a bien le site, le port, les people (Jean de Beaumont, jadis, Jean d’Ormesson et Jean-Marie Rouart aujourd’hui). Mais ils sont aux abords, cachés dans leur demeure. Et si le port amène ses yachts de milliardaires l’été, le lieu demeure paisible, la douceur du village est légendaire, comme ses vues au loin sur la grande bleue.

Une jolie façon de l’aborder: prendre place pile sur la plage de la Roya, avec sa vue imprenable sur la baie et le village. Michel Yenco, en hôtelier dynamique, a créé une demeure moderne qui se mue en halte de charme, avec son mobilier asiate, ses balcons tournés vers les flots, sa piscine, sa terrasse en teck. La cuisine, bichonnée par Yann Le Scavarec, et servie face à l’eau ou dans la salle à manger aux tons mauve et orange, fait elle aussi son effet.

Ce Breton du Morbihan, formé au lycée hôtelier de Vannes, qui travailla, avec Gérard Bonnefoy en Normandie à La Table et l’Assiette à Honfleur, a débarqué en Corse, il y a cinq ans. Deux ans plus tard, il décrochait une étoile qui récompensait son travail frais, fin, finaud, sans chichi, autour du produit d’ici. Qu’expriment, ainsi, le joli couplet sur le thème de pêche locale en bouillon crémeux, avec son tartare de bigorneaux à la tomate, le blanc de chapon de mer, cuit vapeur, relevé à l’huile de noisette de Cervione, le lapin dit « magistral » avec son cannelloni d’effilé de cuisse à la myrte, son râble farci aux chanterelles, son  bouchon d’abatsa aux champignons ou encore le feuilleté de mignon de veau à la bulagna (la gorge de porc séchée).

Au chapitre des desserts, on ne loupe pas la déclinaison autour de la mûre, proposée en mini vacherin, macaron et milkshake. Mais les jolis tapas au chocolat ne sont pas mal. Jolies chambres pour la halte d’une ou plusieurs nuits, avec sa suite dédiée à Line Renaud, fidèle du lieu.