Drouant
« Paris 2e : mon Drouant à l’heure Goncourt »
C’est un exercice désormais annuel qui permet d’être présent chez Drouant le jour de la consécration du Goncourt (décerné cette année à Jean-Baptiste Andréa pour « Veiller sur elle » au 14e tour de scrutin, comme l’an passé, la voix du président Didier Decoin ayant compté double, par 5 voix contre 5 à Eric Reinhardt) et de goûter aux agapes des jurés Goncourt au rez de chaussée du restaurant qui les abrite.
Depuis l’an passé,on le sait, le nouveau maestro des fourneaux de l’instituition de la place Gaillon se nomme Romain Van Thienen. Ce jeune ancien de chez Cyril Lignac, puis du Peninsula, fut chef de l’Allénohèque de Yannick Alléno à Beaupassage, et aussi le chef exécutif du groupe Mersea pour le deux étoiles breton Olivier Bellin. Il a succédé ici à Thibault Nizard, qui lui même avait pris la place d’Emile Cotte (devenu chef-patron de Bacav’).
Ce qu’il proposait le jour du prix et peut se goûter ici tout le mois de novembre tient de la gajeure avec des mets dédiés au maître de maison d’autrefois ainsi qu’à une pléiade d’écrivains qui furent ou lauréats Goncourt ou ici chez eux. Ainsi l’huître Charles Drouant au caviar, jus de moules et confit de citron avec un champagne Charles Heidsieck brut « Réserve » ou encore le délicieux homard Colette avec sa mayonnaise à l’huile de poireaux rehaussé par un riesling « cuvée Albert » très minéral du domaine Albert Mann, 2021, deux entrées en matière de classe sur un mode iodé.
Ou encore ce turbot Cocteau dans sa pureté nacrée, auquel un tour de moulin à poivre redonnait un peu de nerf avec oeufs de truites, lentilles, coques, feuilles de câprier marié avec un superbe saint-joseph « vieilles vignes » signé Tardieu-Laurent en 2020 avec le chevreuil Huysmans avec figues, sauce grand veneur, cerises noires, encre de seiche escorté divinement par un riche margaux Ségla 2015 de la maison Chanel.
On ne fait pas l’impasse sur l’époisses cendré revue en fromage « clos de montmartre » et sur lequel le chablis de Jean-Paul et Benoît Droin en 2021 réalise un accord de grande classe. On se surprend enfin à raffoler des mirabelles Clavel (en hommage à l’auteur (franc-comtois, mais universel) des « Fruits de l’hiver » prix Goncourt 1968, unissant sorbet mirabelle et absinthe, chantilly et vin jaune, sur lesquels une liqueur abricot du domaine Roulot réalise des épouses insolites de grande classe. Vive ce Drouant si gourmand !
PS : une explication simple du titre de cette rubrique : il fait référence au prix Goncourt 1945 attribué à Jean-Louis Bory et intitulé « Mon village à l’heure allemande« …