Mourir avant que d’apparaître de Rémi David

Article du 27 septembre 2022

En 1954, Jean Genêt a 44 ans, il est en pleine gloire littéraire. Il est un personnage charismatique et sulfureux qui fascine Saint-Germain-des-Prés, choque le bourgeois, récuse le colonialisme. Sorti de prison grâce à Cocteau, sanctifié par Sartre, fasciné par Giacometti, auteur de romans et de pièces à succès., il tombe sous le charme du jeune Abdallah Bentaga pour qui il rédigera plus tard un texte poétique (« le funambule »). Le jeune homme est certes, quasi illettré, mais il possède le charme de l’innocence qui conquiert l’auteur de « Querelle de Brest », des « Bonnes », des « Nègres », de « Notre-Dame-des-Fleurs » et des « Paravents ». Genêt, qui le rencontre au cirque Pinder, va tâcher d’en faire le roi des acrobates. Il le fait déserter, organisant sa fuite, sa formation, sa vie. Mais le destin lui sera fatal. Rémi David, dont c’est là, le premier roman, reconstitue cet épisode important que l’existence de Jean Genêt, insistant sur les personnages secondaires qui jouent un rôle important dans sa vie, Monique Lange, sa secrétaire-relais chez Gallimard, son agent littéraire, ses amants passés, futurs, Juan, Jacky, soulignant son addiction morbide au Nembutal. Roman, prenant des libertés avec les faits, mais restreintes, ou document, avec ses moments narratifs, ses anti-héros troublants, troublés? Voilà, en tout cas, un livre marquant qui emprunte son titre à Genêt lui-même. Une sorte d’hommage  à un auteur maudit, sacralisé, porté au pinacle et toujours sentant le soufre.

Mourir avant que d’apparaître de Rémi David (Gallimard, 166 pages, 18 €).

 

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Publié le 27 septembre 2022 par
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