Musée Robert Tatin
« Cossé-le-Vivien : le merveilleux musée Robert Tatin »
Une visite artistique qui justifie un voyage en Mayenne : le magnifique musée Robert Tatin à Cossé-le-Vivien où l’on découvre un extraordinaire « œuvrier », selon ses propres termes d’artiste et d’artisan, entre peinture, sculpture, architecture et céramique, dans une maison des champs flirtant avec le palais du facteur Cheval d’Hauterive en Drôme. On ne loupe pas l’allée des géants avec l’hommage aux grands artistes éclectiques ou surréalistes de Suzanne Valadon à Pablo Picasso, de Gauguin à André Breton, sans omettre le douanier Henri Rousseau, lui aussi né à Laval. Mais Vercingétorix ou Jeanne d’Arc sont eux aussi de la partie.
Le musée ou le palais? On imagine un hommage raisonné aux temples aztèques ou incas, grecs ou romains, acec des clins d’oeil aux favelas, que grand voyageur, Tatin avait découvert en Amérique du Sud. Revendiqué par les uns et les autres, refusant d’être happé par le mouvement surréaliste et son grand « ex-communicateur » André Breton, qui le salua comme il se doit, Robert Tatin (1902-1983) fut un touche à tout de génie, travaillant le tissu, bougnat à Paris, voyageant à Tunis et Carthage, New York et Amsterdam, sans omettre l’Espagne, l’Italie, la Suisse, le Brésil, l’Argentine et l’Uruguay, s’installant un temps à Vence (Alpes-Maritimes), sans cesser de revenir dans sa Mayenne natale.
Il fut charpentier du bâtiment, s’installant à son compte, près son compagnonnage, à Laval. Créa son atelier de sculpture et de peinture à Paris, y croisa Cocteau, Dubuffet, Breton, Péret, Paulhan, Prévert, Giacometti ou Wols, y devient cet artiste éclectique, qui cumule les style, les effleure, les éclaire, leur redonne vie, sans s’y enfermer. En 1962, il se fixe définitivement au hameau de la Frénouse, à Cossé-le-Vivien, où il construit minutieusement et développe avec gourmandise cette vaste « maison des champs », que l’on découvre aujourd’hui.
Un vaste bosquet d’arbres, une allée ombragée, l’allée des géants, le palais lui même, la maison de l’artiste, avec sa bibliothèque, ses livres, sa cuisine, sa salle d’eau ornée de ses céramiques, la galerie de peinture, les souvenirs de voyages, les lieux d’exposition : tout cela impressionne et enchante. Cela change, bien sûr, s’ordonne au fil des saisons, invitant des artistes cousins ou amis. Robert Tatin qui aurait eu 120 ans cette année paraît ici, au détour d’un film de synthèse de son oeuvre et de sa vie, en 10 mn, encore vivant, après avoir laissé là ses oeuvres, ses souvenirs, ceux de sa terre de Mayenne, de ses compagnons, compatriotes, artistes, voyageurs, tous nés à Laval, tels Alfred Jarry, l’auteur d’Ubu Roi, Alain Gerbaud, le navigateur du Kon Tiki auquel il saura rendre hommage ou encore ce Douanier Rousseau, dont beaucoup de choses, l’exotisme, le goût des contrastes le rapprochent.
Où le ranger ? Comment le définir ? Art brut, art naïf, art composite, art modeste, surréalisme, éclectisme : tous ces termes qui pourraient l’englober ne sauraient le réduire, ni l’enfermer dans une case. Il faudrait se laisser envoûter par cet univers contrasté, envelopper, engourdir, séduire, dans la folie champêtre dans un beau matin de juin au soleil de Cossé-le-Vivien… juste pour le plaisir d’un beau voyage entre art et vie, avec un brin de folie.