Turkiz

Au comptoir © GP

Turkiz : turquoise en hébreu. Rien donc à voir en apparence avec la Turquie, même si beaucoup de hors d’oeuvre ici, sous la houlette du chef Raz Sela, ancien de chez Toto, d’origine à la fois hongroise et turco-irakienne, pourraient composer les plus jolis mezzés qui soient qui ne dépayseraient guère du côté du Bosphore. L’enseigne, en tout cas, fait référence à la couleur turquoise. Au rez-de-chaussée d’un grand immeuble résidentiel, présent là depuis trente ans, face à une plage populaire, cette grande brasserie chic et marine, qui sert en continu de midi à minuit, se voue d’abord aux poissons et fruits de mer, cuisinés ici avec un sens très méditerranéen et très proche-oriental des condiments et des épices. Mais les légumes sont là traités avec amour et les viandes non oubliées quoique devenues secondaires.

Taco de thon, aïoli au piment jalapeno et salsa tomate © GP

Il faut dire que le chic de Raz Sela est souvent de remplacer la viande par le poisson dans des préparations de tradition revues à l’aune marine, sur un mode léger et digeste. Ainsi, le mérou revu en fish kebab, schnitzel ou shawarma. Au programme, des choses fines, fraîches, exquises, comme le mérou croustillant en salade avec ses feuilles aromatiques et ses épices d’Asie, l’aubergine brûlée, avec vinaigrette à la tomate et labné, le taco de thon avec aïoli au piment jalapeno et salsa tomate ou encore la magnifique ventrèche de thon blue fin, avec asperges et cerises.

Ventrèche de thon blue fin, asperges et cerises ©  GP

On ajoute le carpaccio de thon avec ses courgettes et sa vinaigrette à l’orange, le tout frais sashimi de thon, avec sa pastèque en gaspacho, le classique bar grillé et son filet à la plancha, ou encore le shawarma de mérou, que nous citions plus haut, avec tehina, yaourt, salade et oignons frits. Sur le même mode de la recréation orientale, on adorera le fish kebab avec ses pappardelle à la sicilienne, le « schnitzel » (autrement l’escalope viennoise) de mérou avec sauce tartare et citron grillé et la brochette de sériole, tomates cerises et tagliatelle.

Fish kebab et tagliatelle à la sicilienne © GP

La belle surprise, avec côté vins, des grands crus à prix raisonnables, comme ce délicieux chardonnay Clos de Gat, des collines de Jérusalem, équivalent d’un grand meursault,  tarifé moitié moins cher que dans les tables israéliennes du même niveau, sans omettre son équivalent en rouge (issu de cabernet sauvignon, merlot et petit verdot) de la vallée d’Avalon. Les desserts constituent également une divine surprise, comme ce craquant millefeuille aux noisettes avec son feuilletage caramélisé, crème pâtissière et praliné, le classique affogato, avec glace vanille, expresso fort et biscotti.

Shawarma de mérou, tehina, yaourt, oignons frits © GP

Il y a encore les choux au mascarpone et citron, le bavarois à la halva, ganache pistache, tuile sésame et glace pistache, le pain perdu revu en « bread pudding », avec crème anglaise, melon et glace vanille, ou encore l’ananas, melon, noix de coco et sorbet et tapioca. On achève sur un limoncello aux citrons de Sicile en se disant que cette table élégante et gaie au service enthousiaste fait une belle ode à la Méditerranée dans ses belle largeurs dans laquelle s’insère la formidable scène gourmande du Tel Aviv nouvelle vague.

Chou au mascarpone et citron © GP