Je revenais des autres de Mélissa Da Costa

Article du 1 juin 2021

   

Mélissa Da Costa? On la suit depuis Tout le Bleu du Ciel, un road movie dans les Pyrénées avec un faux couple devenu un vrai, dépassant la maladie, imaginant l’immortalité, puis Les Lendemains, la réparation psychologique d’une jeune veuve ayant perdu son enfant, venue se reconstruire dans une maison modeste en Auvergne, entre un vieux cahier de recettes et un potager. On ne va pas la lâcher en si bon chemin. Elle nous livre aujourd’hui une histoire de résilience – encore une, direz-vous, mais c’est devenu sa spécialité, et elle le fait avec délicatesse : celle d’Ambre, vingt ans, vivant à Lyon, qui a fait une tentative de suicide après avoir vécu aux crochets de Philippe, quadragénaire grisonnant, marié, père de deux enfants, bientôt d’un troisième, qui va l’aider à s’en sortir.

Après son rétablissement miraculeux, Ambre va se retrouver « saisonnière » dans un hôtel d’Arvieux, en pleine montagne, au coeur du Queyras, dans les Hautes-Alpes. Elle y croise, rencontre, fréquente toutes sortes de jeunes gens sympathiques et attachants, qui cachent des secrets et se révèlent être des « blessés » de la vie. Tim, rejeté par sa famille parce qu’homosexuel, amoureux d’Anton, champion de ski, Rosalie, qui élève seule sa fille Sophie, Andrea, latin lover et séducteur patenté. Les histoires se croisent, se délitent, s’expliquent. Le livre fait plus de 500 pages et Mélissa Da Costa qui aime prendre son temps les raconte avec finesse.

Gide disait qu’on ne fait pas de bonne littérature avec de bons sentiments. Mélissa Da Costa aurait tendance à nous prouver le contraire. Chaque épisode sentimental, psychologique, chaque retrouvaille imprévue, avec une famille qu’on croyait perdue, un frère ou un amant retrouvé, fait avancer le récit qui ne couvre que quelques mois, le temps d’une saison d’hiver. Les Pyrénées étaient chantées dans « Tout le Bleu du Ciel », l’Auvergne des abords de Clermont dans « les Lendemains ». Voilà aujourd’hui un Queyras aux sombres et lumineuses beautés, cousinant avec le Champsaur, qu’évoquait Giono dans « le Chant du Monde ».

La comparaison n’est pas mince. Mélissa Da Costa sait faire chanter nos racines oubliées, et, le temps d’une balade en raquettes, parvient à nous montrer que les ressources de ce « cher et vieux pays » sont inépuisables. C’est l’autre leçon de ce « feel good book », qui parle de résilience et de retour à soi-même tout en finesse et de la douceur de nos contrées anciennes avec une ferveur très communicative. Voilà, à nouveau, un livre qui fait du bien.

Je revenais des autres de Mélissa Da Costa (Albin Michel, 565 pages, 19,90€).

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Publié le 1 juin 2021 par

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