La Gare de Colmar © GP

Me voilà dans la ville d’Hansi (celui des belles images de l’Alsace heureuse, destinées aux enfants de France, du temps de l’annexion), celle de Bartholdi (le sculpteur de la statue de la Liberté), du général Rapp, ce héros napoléonien et aussi du baron Lazare de Schwendi, bailli de Charles Quint, qui, selon une légende, ramena les plants de tokay de Hongrie qui allaient donner le pinot gris.

Nous sommes, je le répète, dans la légende. Mais à Colmar, tout est vrai: l’imagerie, la tradition, les cartes postales. Et, bien sûr, car nous sommes en Alsace, son contraire peut être vrai et prouvé. « Tout ce qu’on dit sur l’Alsace est faux est le contraire aussi« , disait, ou à peu près, Frédéric Hoffet dans sa Psychanalyse de l’Alsace.

Bref, j’ai toujours le sentiment qu’arriver à Colmar, surtout depuis le train, avec sa gare très picturale, offre un billet gratuit pour un retour en arrière: les bords de la Lauch, les quais de la Poissonnerie, le musée Unterlinden, ou celui dédié à Bartholdi, la toile de Schöngauer, dans l’ancien couvent des Dominicains devenu église (« la Vierge au Buisson de Roses »), le retable d’Issenheim (ça c’est à Unterlinden) et les enseignes de Hansi au long de la promenade qui donnent l’idée d’un musée de plein air confèrent à Colmar cet air d’éternité durable.  » Voici plus belle ville du monde », disait Romain Rolland, l’auteur de Jean Christophe, ni plus, ni moins, à un ami allemand.

Capitale du vin d’Alsace, avec les plus beaux villages de la route du vin semés à l’entour, abritant ses institutions, ses syndicats de vignerons, sa ville en ville, Colmar est bien sûr une capitale gourmande. Et, avec mon copain Jean-Loup Reverier, qui a en charge les pages « régions » du Point, je suis là pour raconter tout ça. Je voudrais faire, en liminaire, un clin d’oeil à cette gare gothique de 1906, bâti au temps de l’empire prussien, et qui, avec sa forme de château fort amusant, flanqué d’un campanile, raillée par le très francophile Hansi, est la réplique exacte de celle de Gdansk (ex-Dantzig), bâti à la même époque par un architecte germain demeuré inconnu.