La rafle des notables, d’Anne Sinclair
Le 12 décembre 1941, soit plus de six mois avant la grande rafle du Vél d’Hiv, les Allemands arrêtent, avec la complicité de la police française, 743 juifs français, chefs d’entreprise, avocats, écrivains, magistrats, tous largement assimilés, beaucoup décorés de la Grande Guerre et anciens de Verdun. Avec 300 juifs étrangers, venus du camp de Drancy, ils vont parvenir au quota demandé par les nazis et constituer le « camp de la mort lente » de Compiègne/Royal Lieu, dont les résidents forcés partiront la plupart pour Auschwitz en mars 1942.
Anne Sinclair, dont le grand-père paternel Léonce Schwartz, originaire de Westhoffen en Alsace, fait partie de ces déportés de l’ombre, souffrant du froid, de la faim, de la saleté, de la promiscuité, mais qui sera miraculeusement sauvé après un séjour au Val de Grâce, enquête avec minutie, retrouve les témoignages, désireuse de sauver la mémoire de ces oubliés livrés à la barbarie nazie. Comme elle le fit jadis avec son grand-père maternel, le collectionneur Paul Rosenberg (21, rue de la Boétie, Grasset, 2012), elle rend hommage aux siens, mais pas seulement, redonnant vie et âme à tous les disparus.
La rafle des notables d’Anne Sinclair (Grasset, 126 pages, 13 €)