Allouche, témoin redoutable
Il parle français, arabe, hébreu, passe d’un camp à l’autre avec facilité, se faufile à Gaza ou à Hébron, raconte depuis Jérusalem ou Hamalla un conflit qui n’en finit pas. Il rencontre un député pacifiste ou un faucon, croise Sharon ou Arafat. Rien ne lui échappe. Jean-Luc Allouche conte avec un mélange serein de distance et de passion ses quatre ans de présence en Israël pour Libération. Ses « Choses Vues » ne portent guère à l’optimisme. La paix ? « Dans mille ans », ou dans trois ou quatre générations.
On le suit avec les colons de Goush Katif, les candidats du « Bloc de la Foi », du « Front du Refus » ou de « la Paix Maintenant », autant d’appellations qui expliquent tout. Sans toujours suggérer de véritables solutions. Il écoute les uns, se souvient de l’Algérie de papa et d’un combat qui fut aussi si long. Laisse parler les uns, sans oublier de donner la parole aux autres. Avec humeur, humour et humanisme, il ne cède jamais à l’optimisme facile. Et c’est pour cela que son récit est passionnant.
Les Jours Redoutables, de Jean-Luc Allouche (Denoël, 312 pages, 22 €).