Maupassant et Duras, vous connaissez? Mais le sergent Bourgogne… Ce brave soldat de l’armée impériale raconta la douloureuse retraite de Russie où les soldats (ennemis ou non) se dévoraient entre eux, Moscou comme une Babylone dorée et assiégée, le carnage de Borodino comme un tambour de la mort, entre mille souvenirs sur son épopée napoléonienne. Il est l’un des auteurs lus, relus, commentés, expliqués avec justesse et emphase par ce diable de lecteur qu’est Gilles Lapouge. Lui, que l’on connut jadis avec Bernard Pivot, au temps d' »Ouvrez les Guillemets« , l’ancêtre d’Apostrophes, qui fut le romancier flamboyant de la « Bataille de Wagram » et des « Folies Koenigsmark », demeure, à plus de 93 ans, d’une exceptionnelle vivacité. Préfaces, commentaires, critiques, relectures composent ce bien joli livre d’heures.

Où Fitzgerald, Giono (connaissez-vous « l’Iris de Suze »?), Tolstoï, Jules Verne ou Nicolas Bouvier (l’auteur helvète de « l’Usage du Monde ») se trouvent racontés avec passion. Il y a aussi quelques personnelles sur la beauté d’un langue inventée jadis, avec un curieux professeur de français en Amazonie. Et un hommage à la folie des mots selon Eluard. Voilà un bien bel opus dédié à l’amour des livres…

Maupassant, le sergent Bourgogne et Marguerite Duras de Gilles Lapouge (Albin Michel, 360 pages, 22 €)