Revel, un esprit libre
Il était ce formidable esprit curieux et critique, drôle, vif, bouillonnant, tourbillonnant, à la fois philosophe, journaliste, gastronome, universitaire défroqué, intellectuel rebelle mué en patron de presse, forte tête, quittant son poste de mandarin à l’Express pour devenir chroniqueur au Point, auteur controversé de la Cabale des Dévôts, de Ni Marx ni Jésus, d’un Festin en paroles, sans omettre le merveilleux Voleur dans la Maison Vide, cette autobiographie qui mit tout le monde d’accord. Rassemblés, pieusement et doctement, par Henri Astier, Pierre Boncenne, Jacques Faule, les textes qui composent ce « Revel tel qu’on le parle » rappellent que notre Revel/rebelle fut, avant tout, un esprit libre, moquant les grands de ce monde, les philosophes, comme l’intelligentsia de gauche, comme de droite, confite dans ses certitudes. On citera ça et là quelques unes de ses formules aux airs d’aphorismes : « la France est le plus révolutionnaire des pays conservateurs« , « le marché est par lui-même une première forme de démocratie« , « un esprit aussi doté d’intelligence que dénué de jugement » (à propos de VGE) ou encore « Ah, Malraux! De combien phrases stupides et creuses vous êtes responsable – sans omettre celles dont vous êtes l’auteur« . Voilà un livre iconoclaste qui fait du bien à son lecteur.
L’Abécédaire de Jean-François Revel (Allary Editions, 18,90 €, 230 pages).