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Le Delerm nouveau est arrivé

Article du 12 janvier 2011

Philippe Delerm et son livre © GP

Vous avez aimé « la Première Gorgée de Bière ». Vous allez raffoler de son « Trottoir au soleil ». Philippe Delerm n’a pas perdu une miette de son charme, de son regard aigu, de sa voix douce, perchée entre aigus et graves, selon le mouvement de balancier de sa sensibilité ondoyante, avec ce sens de la mesure, de la préhension juste des choses qui n’est qu’à lui. La Gorgée de Bière, c’était « trente quatre concentrés de littérature nette et de plaisir pur» (la fin de mon article du Point de février 1997, au tout début de la mode, ou plutôt un peu avant que la folie Delerm, ne se déclenche). Pardon de me citer.

Me voilà heureux de retrouver intact le ton Delerm fait de tout et de petits rien mêlés avec minutie et art. Philippe D. observe avec ce sens de la lenteur très zen, très Lao Tseu, qui est le sien, l’arrivée du train à la gare St Lazare (thème du premier texte du « Trottoir au Soleil »),  a soin de communiquer ses émotions, dans le métro, à table, au hasard de ses promenades, sans jamais forcer la note, ni hausser le ton. Comme Arnold Spitzweg, le héros récurrent de trois de ses romans (dont ce « Quelque chose en lui de Bartleby » que réédite  aujourd’hui Folio), il prône l’anti-action, le regard immobile, le sens de la lumière et de la demi-teinte, avec toujours cette malice tendre et ce rire doux entre les lignes qui est sa marque propre.

On pourra se réciter longtemps son texte sur « le cauchemar des trois étoiles » (« il va falloir manifester un enthousiasme bien héroïque à simuler« ) , se repasser en boucle sa critique acerbe et sardonique des hit-parades gourmands («C’est là qu’on mange les meilleures pâtes, c’est là qu’on trouve les meilleurs macarons.  C’est le meilleur chocolatier de Paris. Meilleur… C’est presque le contraire de bon« ) Il écrit simple, frappe juste, note sec, ne se trompe guère. Se place du côté des faibles, des sans-grade, des modestes, et c’est bien pour cela qu’il nous touche, tous.  S’il choisit le trottoir au soleil, il préfère l’ombre à la lumière. Héritier des « hussards noirs de la République », ce professeur de bonnes manières livre une prose soyeuse, souple, savoureuse qui se prête à la dictée. Et s’il était notre dernier classique ?

Le Trottoir au soleil, de Philippe Delerm (Gallimard, 185 pages, 14,90 €) Folio réédite Quelque chose en lui de Bartleby (162 pages, 5,10 €).

A propos de cet article

Publié le 12 janvier 2011 par

Le Delerm nouveau est arrivé” : 2 avis

  • Ne vous sentez surtout pas obligé de le lire! Mais pour les publi-reportages et la compassion, il y a d’autres maisons et d’autres blogs …

  • yves

    M Pudlowski, rassurez moi, c’est un article compassionnel, un publireportage, je ne sais pas ….dites quelque chose! Sur vos bons conseils je suis allé feuilleter ce bouquin: consternant, un mauvais kougloff 50 gr de raisins et 2 kilos de pâte pas cuite! même mon libraire m’a regardé d’un oeil circonspect voire torve quand il m’a vu avec ce bouquin. il est reparti en haussant les épaules…….

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