La succession selon Jean-Paul Dubois

Article du 17 août 2016

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De Dubois, on a à peu près tout lu. On sait qu’il est notre Raymond Carver à la française, qu’il est habité d’obsessions qui confinent à la fascination, que certains de ses titres sont des emblèmes (« la vie me fait peur« , « je pense à autre chose », « parfois je ris tout seul« , « une année sous silence« ), que le mal-être est l’état normal de ses personnages (dans « Kennedy et moi« , il s’agit de piquer la montre de son dentiste en le mordant jusqu’au sang), que ses héros se prénomment quasiment tous Paul.

Le nouveau de la série s’appelle Paul Katrakilis, autant dire qu’il est d’origine grecque, que son grand-père Spyridon (comme Spyridon Louis, le vainqueur du premier  marathon des JO de l’ère moderne) fut l’un des médecins de Staline, qu’il a conservé dans le formol une lamelle du cerveau du dictateur soviétique, que son père Adrien, fut également médecin. Que lui, pour fuir la médecine, la Toulouse de ses origines, son pays basque d’adoption, a rejoint Miami et la Floride où il est devenu joueur de pelote basque professionnel, enfilant le grand gant de la cesta punta au Jaï-alaï local pour gagner une vie de labeur pas toujours récompensée.

Tout ce livre est une dérive, une confession, un itinéraire, un inventaire et un bilan. Dubois refait aussi une partie de l’histoire de l’Amérique, avec ses grandes grèves, ses attentats contre un président (ici Franklin Delano Roosevelt), la peine capitale par électrocution. L’absurdité de la vie, l’omniprésence de la mort, la fatalité, une certaine lassitude générale: voilà ce qui ressort de ce livre sombre, morbide, incandescent, où – comme le héros – le lecteur se brûle. Pour un peu plus de gaîté, on relira une Vie Française

La Succession de Jean-Paul Dubois (Editions de l’Olivier, 234 pages, 19 €).

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Publié le 17 août 2016 par

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