Quilon

Sriram Aylur © GP

C’est l’idée amusante qui a germé dans le cerveau vineux et généreux de Michèle Piron-Soulat : imaginer un voyage à Londres, avec le concours de douze caves coopératives – groupées sous le label « Marques & Coop » – à Londres, le temps d’un déjeuner de mariage entre crus franchouillards et épices indiennes. En blanc, rouge et rosé, de Corse, de la vallée du Rhône, de Champagne, d’Ardèche, de Bordeaux, avec des originalités comme le malbec de Tutiac, de Cahors, du Muscadet, du Beaujolais, les vignerons et leurs représentants se sont ligués avec leurs cuvées de charme pour démontrer que grenache, syrah, gamay, niellucio ou viognier – et on oublie – pouvaient faire bon ménage avec le garam massala, la cardamome et la coriandre.

Crevettes et chou-fleur © GP

Aux fourneaux, le chef maison, Sriram Aylur  natif de Bengalore, qui a notamment travaillé au Taj Mahal de Bombay, livrait une partition pleine de légèreté, de fraîcheur et d’imprévus. Pas de sauce, mais des épices bien dominés, des cuissons douces, mais justes au millimètre près, quelques fritures, bref du mijotage bien vu, sans chichi d’aucune sorte. Témoin la saint Jacques grillée au charbon de bois avec ses dés de mangue poivrée et son crabe cake, les crevettes au poivre et chou-fleur version tempura ou encore la fine ratatouille de légumes, avec fromage de chèvre, poivron, soja.

Chèvre et poivrons © GP

Un joli ban pour le mariage de la sole au citron avec le black cod finement relevé de curry vert, comme pour l’insolite alliance du chevreuil et de la noix de coco, le canard au poivre vert et l’épaule d’agneau braisée qu’épousaient aussi bien le chassenay d’Arcé Confidences en champagne de la côtes des Bar, l’Estandon légende rosé, le prestige du président corse rosé que le viognier Terre d’Eglantier d’Ardèche.

Sole et black cod © GP

Grands vainqueurs de cette « non compétition »: les rouges puissants et corsés, tenant le choc des épices, que sont le charpenté Aurélius côté Saint-Emilion, le séducteur Hauts des Coteaux en Châteauneuf du Pape au Cellier des Princes, sans omettre l’étonnant Rasteau Ico(o)n, le surprenant malbec Astrolabe côté Cahors et le lieu-dit Verdot en bordelais. In fine, le crémant de Limoux brut des Toques et Clochers permit de retomber sur temps, en épousant couronner le yaourt à la mangue avec son fin gâteau de crêpes au lait de coco dit « Bibinca ». Une belle démonstration savoureuse, franco-indienne, de haute volée.

Yaourt à la mangue et bibinca © GP