À l’Étoile
« Mittelhausen : l’Alsace selon les Bruckmann »
Un article plus récent sur le même sujet est disponible sur notre site, vous pouvez le retrouver en cliquant ici
Ils sont les veilleurs de l’Alsace de toujours au sein du Kochersberg, les passeurs de tradition dans un village – protestant – qui a gardé son caractère d’avant, non ostentatoire, avec son église sobre, ses demeures charmeuses, parfois à colombage, mais sans débordement de fleurs en saison, et qui fait de l’oeil au voyageur avec discrétion l’hiver. Les Bruckmann, c’est eux dont il s’agit, occupent trois demeures du bourg, avec leurs chambres nettes – une petite trentaine tout de même -, tarifées avec sagesse, leur spa avec piscine, plus soins de beauté ou massage, et, bien sûr, les nourritures régionales bienveillantes que concocte Jacques, le chef-patron, tandis que papa Jean-Jacques déjeune et bavarde avec les amis au stammtisch – la table d’hôte – et que son épouse Chantal veille les salles diverses avec le sourire.
On aime les recoins boisés, les stube chaleureuses, notamment celle ornée d’un beau tableau de Luc Hueber – représentant un Alsacien nostalgique en costume folklorique, qui attend le retour de sa région annexée à la France -, les menus bienvenus, qui permettent de choisir en toute sérénité. Presskopf et ses crudités, escargots avec sa crème au riesling et son lard croquant, salade du jour à la féta, rouget escalopé et bien croûté sur la peau au pistil de safran d’Alsace, sandre en matelote, spaetzle maison, pot au feu à l’alsacienne qu’on accompagne de raifort, carré de veau aux champignons sont quelques unes des joyeusetés qui vous attendent là. On a envie de revenir pour la biche aux airelles, le canard au cassis, la tête de veau sauce gribiche.
On hésite, sur une carte des vins abondante, entre l’Alsace des parages proches (comme le pinot noir de Gimbrett de chez Bohr dit « rouge du Kochersberg »), les découvertes de la région (joli sylvaner grand cru de chez Wantz à Mittelbergheim) ou encore les idées bordelaises, bourguignonnes, rhodaniennes. On comprend qu’en période de marché de Noël ou même durant l’été, nombre de voyageurs préfèrent séjourner ici au calme et s’en aller découvrir durant la journée Strasbourg en sachant qu’ils reviendront dormir au calme sans se ruiner et en faisant bombance sage.
Les desserts, entre mini-vacherin aux glaces du moment (fraise, vanille, chocolat) ou forêt noire revisitée (avec sa glace au kirsch), sont du même tonneau, jouant la tradition à peine modernisée, de façon rassurante. D’ailleurs rassurant est sans doute le terme qui convient le mieux à cette maison de confiance. Venez y faire une petite mesure soit en goûtant le petit menu du jour (à 11 € où trônait ce midi un fameux boudin noir aux pommes) ou en jouant le grand jeu du moment avec une bouteille rare. Sachez, en tout cas, que de l’accueil à l’au-revoir, en passant par l’exquis café serré, tout illustre à la perfection l’hospitalité à l’alsacienne de façon adorable, sincère, exemplaire.