Au Cheval Blanc
« Sion: visitez l’usine à moules »
C’est jour de marché à Sion. La grand rue dite du Grand Pont est bondée. La terrasse de l’historique Cheval Blanc, repris il y a près de trente ans par les Grosjean, aussi. Il faut dire qu’elle a belle mine, donnant l’illusion que la mer n’est pas loin. Cette dernière est même dans l’assiette, à coup de bouillabaisse, parillada et le plat vedette du lieu: les moules, qu’on peut goûter en marinière ou à la crème (avec des frites congelées gros calibre).
La patronne, Olga, portugaise souriante, qui a la gouaille d’un personnage d’Audiard genre le Cave se rebiffe ou les Tontons Flingueurs, et pousse à la « conso » comme personne, indique à qui en douterait, que ces dernières sont originaires de la baie du Mont Saint-Michel, donc les meilleures du monde. De fait, elles sont juteuses et leur bouillon échaloté au vin blanc, plein de goût.
On pourra préférer les plus locales perches meunière flanquées, elles, de frites congelées petit calibre, façons pommes allumettes, mais d’une sauce tartare fort correcte. On peut démarrer sur les petits toasts de steak tartare de bœuf du Valais (race d’Hérens) ou de tartare de saumon, et agrémenter le tout d’un Fendant grand cru ville de Sion, fruité et perlant, ou d’un Johannisberg (le nom local du sylvaner) « goût du Conseil ».
On peut faire l’impasse sur les desserts (industriels), notamment les glaces pas turbinées (comme cette vanille sans grand goût), et s’attendre à un service lent, souvent débordé, pas forcément souriant. Le cadre intérieur, façon bouchon lyonnais, sombre et boisé, a le charme vintage.