1

Rachid au pays des médias

Article du 8 avril 2015

Rachid Arhab

Ne me demandez pas d’être objectif avec Rachid Arhab, mon vieux copain thionvillois, avec qui je partage beaucoup d’histoires, notamment gourmandes, depuis près de deux décennies. Il m’invita jadis sur le plateau des actualités de France 2 pour un guide sur les week ends où il me traita, fort affectueusement, de « forçat de luxe« , puis sur celui de « j’ai rendez-vous avec vous » à l’île sur la Sorgue (pour parler de René Char et des saveurs du Luberon) et à la foire de Trône. Je n’oublie pas cette étape du tour de France, entre Mulhouse et Troyes, où les jeunes filles en fleurs du Territoire de Belfort, souvent « beurettes » le traitèrent en star, ce qu’il était, d’ailleurs. Ni ce plateau mulhousien, encore sur France 2, où nous parlâmes de choucroutes et de bien d’autres délices de France.

Rachid Arhab au Bristol © GP

Rachid Arhab au Bristol © GP

Cela pour dire que j’aime Rachid, l’homme, le Lorrain né en Algérie, l’animateur à la diction parfaite, au verbe grave, le présentateur gardant son flegme devant les piques des uns et des autres (n’est ce pas Jamel Debbouze?) qui voudrait le passer pour « l’Arabe de service ». Le journaliste sourcilleux, le rédacteur politique objectif, sachant tenir à distance droite, gauche ou centre, l’homme de médias, membre du CSA transparaissent, comme d’abord l’homme de coeur dans le bel ouvrage où il se confie. « Pourquoi on ne vous voit plus?« , titre et leitmotiv, permet de poser le problème qui est le sien. Avoir été membre du Conseil Supérieur de l’Audiovisuel l’empêche aujourd’hui d’exercer son métier. Une loi drastique, plus des considérations déontologiques, l’éloignent donc ce qu’il dut surveiller, conseiller, tancer, superviser, voire punir. Injuste? Bien sûr, absurde même. Mais Rachid ne se contente pas de se plaindre, de se gausser, de railleur, de mettre en avant ce qui l’agace. Il raconte son itinéraire. Petit Lorrain immigré, né en Kabylie dans un département français, interdit de passer la frontière vers la voisine Allemagne et le proche Luxembourg, sous passeport algérien,  alors qu’il avait dû choisir entre ses deux nationalités et rallier celle des siens, il dût se faire naturaliser sur le tard. Mais il refusa énergiquement de changer de nom lorsqu’un certain M. Goujat (!) le lui conseilla. Bref, Rachid, qui a manifestement pris un plaisir jubilatoire à rédiger cette confession-explication, s’amuse avec les autres, comme il joue avec les mots, nous faisant pénétrer l’univers des médias, les coulisses de la télévision et du CSA avec des mines complices. Gageons que ce joli livre ne sera pas le dernier!

« Pourquoi on ne vous voit plus », de Rachid Arhab (Michel Lafon, 302 pages, 17,95 €.)

A propos de cet article

Publié le 8 avril 2015 par

Rachid au pays des médias” : 1 avis

  • Noluoc

    Pudlo,

     » devant les PIQUES des uns et des autres  » svp.

Et vous, qu'en avez-vous pensé ? Donnez-nous votre avis !