Olivier Guez, l’oublié de la rentrée

Article du 26 novembre 2014

Pas de prix littéraire pour Olivier Guez? Ce drôle de paroissien, à qui on doit, chez Grasset, un subtil essai footballistique, Eloge de l’Esquive, aurait pu guigner l’Interallié, le Renaudot, le Fémina (si ces dames n’avaient pas eu peur de couronner un dragueur impénitent), le Médicis, voire le Goncourt qui aurait eu le mérite, cette fois, d’avoir de l’humour. Celui de Guez et de son héros Koskas se niche quelque part entre Philip Roth et Woody Allen. Personnage picaresque, drôle, dur à suivre, Jacques Koskas est un juif séfarade de Strasbourg (rebaptisée S., on se demande pourquoi, alors que toutes les autres villes réelles sont nommées dans le livre), qui tente l’aventure journalistique à Paris (au magazine économique la Turbine), multiplie les conquêtes, bataille contre ses parents qui s’inquiète de sa santé et de son avenir, avant de partir connaître un amour passionné et douloureux avec une belle pianiste à Berlin, pour retrouver l’essence de la Mitteleuropa à Czernowitz, capitale de la Bucovine (aujourd’hui l’Ukraine, et on ne va pas titiller Guez qui écrit « Tchernovitz »), qui le mènera enfin en Israël.

On a oublié au passage ses aventures d’agent de footballeurs au Brésil et celle d’auteur à succès avec un « Israël, une révolution érotique » très provocateur. On l’a compris: le cheminement tortueux d’Olivier Guez et de son héros tragi-comique, perdant magnifique, Don Juan au petit pied et Stefan Zweig en herbe, mâtiné de Kundera et de Musil, est aussi passionnant que le but ultime de sa quête. Sa prose est à la fois drôle, riche, féconde, fruit de mille lectures et de cent voyages – réels, imaginaires. Le livre lui-même, sur beau papier épais à l’ancienne avec sa couverture soignée et cartonnée, possède un petit côté intemporel. Et l’on se dit qu’il aurait mérité un meilleur traitement des jurés d’automne. On réclame un prix pour Jacques Koskas!

Les révolutions de Jacques Koskas, d’Olivier Guez (Belfond, 336 pages, 19 €).

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Publié le 26 novembre 2014 par

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