Hostellerie du Prieuré
« Saint-Quirin: les plaisirs du Prieuré »
C’est une demeure qu’on découvrit avec enthousiasme, il y a deux décennies déjà, lui prédisant, un bel avenir (j’avais titré « Miracle à St Quirin » dans le Républicain Lorrain !). La maison n’a pas changé, avec son grès vosgien, ses incrustations gothiques, au cœur d’un village bûcheron, classé parmi l’un des plus beaux de France, au carrefour des départements voisins, Meurthe et Moselle, Vosges et Bas-Rhin, avec ses « sept roses », désignant ses chapelles, plus son abbatiale baroque aux trois clochers, son orgue Silbermann, ses chemins forestiers.
Les Soulier ont continué leur bonhomme de chemin, rénové la demeure avec des couleurs vives, dans les tonalités rouge, jaune, bref provençales, rachetant les murs comme son annexe hôtelière à la mairie locale qui leur avais mis le pied à l’étrier. Didier, natif de Sarralstroff, formé dans la grande hostellerie suisse, continue d’innover sans outrance, de jouer avec la tradition, les produits du marché, le goût du jour, composant des menus justes de ton, équilibrés et de bon sens. Tandis que Valérie, gracieuse hôtesse qui sourit avec naturel, propose les idées du moment avec enthousiasme.
Ce qui vous attend là? Des idées de saison, des mets jouant le rustico/raffiné avec joliesse. Ainsi, le gaspacho de tomaa salade de sardines grillées, joliment épicés, le croustillant de munster, la jambonnette de poulet forestière ou l’admirable pavé de pied de porc pané reconstitué, pourvu d’une sauce moutarde, et de légumes du moment, comme le rognon cuit bien rosé avec sa sauce poivrée ou la raie grenobloise, c’est à dire, aux câpres : voilà ce qui vous attend là.
Tout a du goût, l’assiette est généreuse (parfois trop, comme l’abondante carte, elle-même). Mais peut-on reprocher à Didier de vouloir trop bien faire ? Le quidam de hasard comme l’habitué peut venir simplement goûter au « plat du jour » changeant (l’autre jour, les œufs brouillés à la portugaise, c’est à dire sauce tomate, précédaient les cotis de porc façon spare ribs).
Et l’on oublie de dire, au passage, que les desserts (abricots rôtis et crème glacée à la pistache, verrine andalouse au mascarpone et caramel d’orange) jouent le même registre de la gourmandise en fraîcheur. Bref, voilà une demeure à redécouvrir, pour le plaisir de la gourmandise heureuse et le repos champêtre.