Un Palais en Ombrie de Marlena de Biasi

Article du 18 août 2013

De Marlena de Biasi, cette journaliste gastronomique américaine saisie par les deux démons conjoints de l’Italie et de la littérature, on avait aimé Mille Jours en Toscane, récit de son installation, avec son amoureux vénitien, dans le village de San Casciano, avec une kyrielle de personnages pittoresques et une pelletée de jolis mets à confectionner au fil des repas rythmant son quotidien. Là voilà cherchant une maison neuve dans le bourg historique et pittoresque d’une région proche. L’Ombrie, c’est le coeur vert de l’Italie, Orvieto, une petite ville, avec ses rites, ses habitudes, ses coutumes, ses interdits. Les de Biasi, dociles, s’y plient volontiers, même lorsqu’ils ont le coup de foudre pour une demeure en ville aux airs aristos, dont la propriété leur est concédée de curieuse façon par une famille divisée et soucieuse de conserver son pouvoir et ses tradition. Marlena raconte avec drôlerie, ferveur, passion, ce qui ressemble d’abord à une quête patiente, puis une non installation provisoire… qui dure, qui dure, enfin à un emménagement plein d’imprévus et d’entrain. On la suit volontiers, car elle a le don pour conter, s’émouvoir, dresser le portrait d’un agent immobilier foldingue, d’une aubergiste voisine et complice, d’un famille de possédant retors. Sa quête, son installation prennent des allures feuilletonesques. Marlena évoque aussi les saveurs de son pays d’adoption avec gourmandise et un bel appétit. « Les saucisses sont mises  rôtir dans le four du boulanger » (mais ce n’est qu’un mise en bouche brève). Imagine, pour un groupe de touristes américains, venus visiter l’Ombrie, un repas à la fois rustique et raffiné, avec des « Umbrechelli, ces grosses pâtes typiquement ombriennes, accompagnées d’une sauce aux olives noires – « celles qu’on faisait ramasser par les enfants pour qu’aucun de ces précieux fruits ne se perde« .

Lisez ce livre tendre et gourmand, digne d’une Brillat-Savarin, italo-US, qu évoque, le style d’une Fanny Deschamps, celui du fameux Croquembouche dédié à Alain Chapel. C’est comme un concentré joyeux d’Italie, un hymne savoureux à la vie.

Un Palais à Orvieto, de Marlena de Biasi (Mercure de France, 290 pages, 22,50 €).

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Publié le 18 août 2013 par

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