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La Maison dans le Parc

« Nancy: un Ovni gourmand de charme »

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Article du 19 septembre 2010

L’enseigne de la Maison dans le Parc © GP

C’est une demeure discrète dans une rue qui ne l’est pas moins, juste derrière la magnifique place Stanislas retrouvée avec ses pavés lisses, ses palais charmeurs (dont l’hôtel de ville, le musée des Beaux Arts), mais aussi l’Opéra de Lorraine. Voilà donc une sorte d’OVNI de charme dans le paysage gourmand de Nancy où la vogue est plutôt, comme dans la rue des Maréchaux qu’on nomme la rue Gourmande, à la terrasse ouverte et à la devanture tapageuse. Françoise et Gilles Mutel, qui furent des précurseurs, il y a vingt ans, avec leur Ban des Vendanges, un bistrot à vingt gourmand, ont créé un lieu à part.

Gilles et Françoise Mutel © GP

Lui, venu du travail temporaire, est un passionné de vins, composant une carte excitante à tous les prix. Elle, qui fit carrière dans le prêt à porter, s’offre une seconde jeunesse en cuisinant comme une grande, avec des idées issues de l’air du temps, de ses stages parisiens, de ses visites ici ou là. Leur décor, au rez-de-chaussée d’une demeure XIXe, avec un prolongement en jardin sur une sorte d’annexe du parc de la Pépinière a le chic contemporain. Il y a le couloir en pierre à l’entrée, le comptoir genre table d’hôte près de la réception, les salles genre salon, la cuisine apparente, les tons grisés. Le décorateur nancéen Dominique Babigeon a signé là un lieu à part, dès « côté Est » , qu’on imagine à Bruxelles ou Anvers, style « Flamant Home Interior ».

Le couloir d’entrée © GP

Reste que, comme disait Curnonsky, on ne vient pas là seulement pour « manger les rideaux ». La formule du déjeuner (à 29 € ou 35 € avec deux verres de vin et le café) est intéressante, la carte est tentatrice, les produits de qualité et Françoise renouvelle sa palette avec fraîcheur. Cette ancienne stagiaire, sérieuse et appliquée, de chez Alain Passard (le « trois étoiles » de l’Arpège) et Flora Mikula (les Saveurs de Flora) à Paris, mais aussi de chez Lionel Lévy (Une Table au Sud, à Marseille) ne s’en laisse pas  compter sur le terrain de la qualité.

Tartare de saint jacques au corail d’oursins et cappuccino d’endives, terrine de foie gras au coing pistachés ou escargots en velouté de cresson avec son émulsion d’ail font quelques uns de ses hors d’œuvres frais, diserts, légers, qui donnent de l’appétit pour la suite. On allait oublier, dans le même esprit, la petite bisque de langoustine au foie gras servie en amuse-gueule. Et le registre poissonnier bien vu :  sole en tronçon cuite sur l’arête avec pommes grenailles, fèves, olives de Nice, crème d’artichaut et combawa (le citron vert de l’île de la Réunion) ou saint-pierre aux girolles, purée de rattes, jus de galanga, tomate et poivron lorgnent tous deux, joliment côté Sud.

Bar rôti aux cèpes sautés à l’écume de coquillages © GP

Dans un même registre exotique, le « tigre qui pleure »,  qui est une pièce de bœuf quasi crue, juste chauffée avec un rien de sésame et d’épices,  plus une salade vinaigrée, telle que la fit connaître la très médiatique Thiou à paris, constitue une réussite du genre. Un splendide gewurztraminer cuvée Laurence de Mme Faller à Kaysersberg faisait, sur tous ces plats épicés et volontiers aigre-doux, un mariage d’amour. Mais on notera que chaque plat est proposé avec sa proposition de  jolis vins au verre, ainsi que cela se pratique chez Alain Senderens, place de la Madeleine, à Paris. Et l’on comprend que la barre de la qualité est placée haut.

Le Saint Epvre © GP

J’oubliais de vous dire là qu’hier midi, dans le cadre d’un déjeuner officiel, proposé par le Point, les Mutuel avait privatisé leur salle, mis les petits plats dans les grands, fait montre de leur talent avec éclat, précision et justesse. Franz-Olivier Giesbert et Sophie Gournay, qui est la bonne fée des « RP » du magazine, avaient rassemblé là le plus chic de la gent littéraire, sous la présidence du (gourmand) maire de la ville, André Rossinot et de son épouse Françoise, blonde, vive, charmeuse et ancienne journaliste, mais encore Edmonde Charles-Roux, vice-présidente de l’Académie Goncourt, Jean d’Ormesson, Patrick Rambaud, Dominique Bona, Max Gallo, Philippe Claudel, qui recevait son prix des libraires de la ville et Christophe Ono-dit-Biot, le rédacteur en chef culturel du journal.

Bref, du beau monde (j’en oublie au passage), à la fois lettré et gourmet, ravi de la beauté du lieu et des plaisirs raffinés qu’il offre. Le menu du jour, tiré des mets signature de la carte et que j’ai omis de citer plus haut? Un délicat pressé de foie gras aux suprêmes de cailles et pois gourmands, un bien joli bar rôti – avec sa peau brillante – aux cèpes sautés avec son écume de coquillages, enfin, en dessert, le chaud-froid de mirabelles avec sa crème brûlée, sa glace à la bergamote, son streussel au citron vert, jouant, in fine, le régionalisme avec délicatesse.  Comme d’ailleurs avec les petits fours d’exquis St Epvre, cet exquis succès à la crème au beurre pralinée, signé du pâtissier Adam qui en a fait déposer la marque, et se propose là en version mini.

Bref, on l’a compris, voilà une table chic et savoureuse, jouant dans la cour des grands, quoique non étoilée (mais que se passe-t-il dans la tête du Michelin), qui fait honneur à Nancy la ducale.

La Maison dans le Parc

3, rue Ste Catherine
54000 Nancy
Tél. 03 83 19 03 57
Menus : 29 (déj.), 35 (vin, café c. , déj.) €
Carte : 75 €
Site: www.lamaisondansleparc.com

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Publié le 19 septembre 2010 par

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