Embrouille (et prétextes) en Provence avec Peter Mayle
Embrouille? Plutôt prétextes en Provence. Lorsque Peter Mayle, à qui on doit le très successful « Une année en Provence » (1994), noue une intrigue policière à Marseille, on se doute qu’il s’attache davantage au décor, à l’ambiance, au parfum, qu’à l’intrigue elle-même. Résumons la tout de même: Francis Reboul, promoteur français, demande à Sam Lewitt, businessman de Los Angeles (qui dans un ouvrage précédent de l’auteur: « Château l’Arnaque », 2012, lui a chipé une superbe collection de grands crus) de lui servir de prête nom lors d’un concours pour la construction d’immeubles sur le front de mer. Encouragé par sa compagne Elena qui y voit l’occasion de belles promenades dans une région savoureuse et ensoleillée, il va jouer le jeu, investir une belle bastide, se faire aider par un journaliste local ami, tout en subissant la dangereuse concurrence de Lord Wapping, aristocrate anglais véreux, associé au président du concours, le corse Patrimonio.
On oublie de dire que le projet de Reboul, qui respecte l’environnement de Marseille, est nettement plus moral que celui de Wapping. Et que ce dernier est prêt à employer tous les moyens, agressions, kidnappings, pour parvenir à l’emporter. Mais ce qui retient chez Mayle, c’est cette couleur de la Provence enchantée façon carte postale où, à tout instant, on trinque au pastis ou au cassis, sans omettre de s’en aller goûter la « véritable » bouillabaisse marseillaise et de humer le grand air du large sur la terrasse panoramique de Peron face au château d’If. Bref, c’est caricatural à l’envie, mais drôle, vif, dépaysant et formidablement savoureux. Comme une invitation aux grandes vacances au pays de Pagnol …
Embrouille en Provence, de Peter Mayle (Nil, 259 pages, 20 €).