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La Poste

« Mulhouse/Riedisheim: l’Alsace nouvelle vague, c’est Kieny »

Article du 25 décembre 2011

La famille Kieny © Maurice Rougemont

La Poste à Riedisheim: c’est bien la maison star de Mulhouse. Mais comme la ville est discrète, cette demeure, même vedette, l’est tout autant, ne fait pas la retape. Même si son maestro new look se met en avant, lance des citations sur sa carte, glisse ses menus comme des poèmes ou des odes à la tradition.  Le maestro dont il est question: Jean-Marc Kieny, qui a pris la relève de papa André, après ses classes chez Gaertner à Ammerschwihr, Lameloise à Chagny, Jung à Strasbourg, Outhier au temps de l’Oasis à la Napoule, enfin Stucki à Bâle: un beau parcours! L’extérieur a été repeint, l’intérieur revu sobre, sans effet de manches, avec la plupart de ses tables nappées – sauf deux !-, ses boiseries, son service avenant sous la houlette de la gracieuse Mariella qui conseille les vins avec entrain.

Jean-Marc Kieny, qui cuisine l’Alsace avec malice et en tout sens, sait jouer de tous les bons tours de la cuisine moderne sans tomber dans le chichi ni l’esbroufe, proposant les plats classiques d’ici, revu façon tapas, le sandre en strudel à la choucroute, avec son beurre blanc au genièvre (un grand plat), revisitant les escargots soit en feuilleté aux champignons soit en beignets fins avec oeuf poché et coulis de poivrons rouges: superbe, en vérité.

Les plats © Maurice Rougemont

J’y ai croisé, par un hasard gourmand, le malicieux Didier Van Cauwelaert, l’auteur d’un « Aller Simple » (Prix Goncourt 1994), qui fêtait la sortie du « Journal Intime d’un arbre » (Michel Lafon) en douce compagnie, et s’extasiait à bon droit sur la neuve défense du terroir orchestrée par Jean-Marc, notamment les fameux tapas alsaciens (avec mini harengs, foie gras, etc), mais aussi le magnifique volnay vieilles vignes de Vincent Girardin 2009, auxquels nous nous ralliâmes après avoir goûté le fruité muscat les Princes de Schlumberger, le vif et sec riesling Kottabe de Josmeyer et le pinot noir V de René Muré à Rouffach, des vins de belle extraction, tarifés à prix sages, proposés au verre, le premier, ou en demi les second et troisième. Un volnay royal à moins de 60 €, je le précise.

GP et Didier Van Cauwelaert © Maurice Rougemont

On pourrait louer encore la kyrielle de menus qui vantent l’Alsace que nous aimons dit ici du « terroir relooké », proposé à 25 €, servi en semaine, au déjeuner comme au dîner, y compris le samedi midi, proposant notamment le pavé de saumon en écailles de boudin et le croustillant aux épices de Noël. On n’oublie celui en hommage au lancement du TGV Rhin-Rhône, qui fait rallier Paris à Mulhouse via la gare de Lyon en 2h40 et qui incluait les fameux tapas, le fin strudel à la choucroute, plus un superbe couplet sur le filet de cochon de lait au miel de sapin avec cocktail de pommes de terre au munster coulant,  qui faisait le plus joli des « aligots » alsaciens, avec, un fine, une variation sur la forêt noire version 2012 (avec gelée, gâteau, panna cotta, unissant griotte et chocolat).

Volnay de Girardin © Maurice Rougemont

J’oublie au passage le marbré de saumon fumé et céleri, avec sa vinaigrette d’huîtres, sa chantilly à la vodka, les saint jacques revues d’exotique façon, poêlées, avec mangue, citronnelle et brins de pommes vertes ou le chevreuil au poivre vert avec ses cannelloni de châtaigne et champignons: ébouriffant!  Avant la sphère meringuée en guise de vacherin glacé nouvelle manière. Vrai: on ne s’ennuie pas un instant dans cette maison de tradition qui s’est mise avec agileté au diapason du temps présent.

Le service de Mariella © Maurice Rougemont

La Poste

7 rue du Général de Gaulle
68400 Riedisheim
Tél. 03 89 44 07 71
Menus : 25 (sem.), 41, 61, 85 €
Carte : 70-90 €
Site: www.restaurant-kieny.com

A propos de cet article

Publié le 25 décembre 2011 par

La Poste” : 2 avis

  • J-Krak

    Déjeuner du 7 juin 2012. Une visite chez Kieny où je n’étais plus passé depuis plus d’une décennie. On a opté pour le menu du jour (tentation gourmande à 25 Euros). L’entrée, la minute de saumon au basilic, est sobre, efficace, pleine de saveurs et d’idées, toute en fraîcheur. Un curry de rognons de veau qui avait des petites notes de retour en enfance avec ses beignets aux pommes et sa polenta aux croûtons. Avant le dessert, on se paie un supplément fromage sous la forme d’un strudel de munster à la choucroute : rigolo, croustillant mais pas renversant. Les desserts, sorbet abricot ou verrine vanille & caramel au beurre salé, sont d’une simplicité renversante mais aux saveurs déconcertantes. Un menu alléchant, une addition légère, du plaisir. Cela reste probablement la plus belle adresse gastronomique dans la région mulhousienne…

  • Marie

    Superbe, exquis, on ne s’en lasse pas !

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