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Montréal: le guide bidon des adresses gourmandes

Article du 1 novembre 2011

Je ne suis pas du genre à dire du mal de mes collègues, on le sait. Mais voilà un guide – en vente partout à Montréal- qui fête sa sixième édition, se targue d’avoir été élu « meilleur guide français au monde« , lors de sa première parution en 2006, qui couvre, du moins le prétend-il, l’ensemble du Québec en matière de commerces de bouche et autres belles adresses gourmandes, et se révèle à la fois poussif, exagérément laudateur, pauvrement écrit, assez médiocrement illustré, rédigé dans un français poussif, pour ne pas dire moins.

Nous sommes tout de même au pays de Michel Tremblay (« La grosse dame d’à côté est enceinte ») et d’Anne Hébert (« Kamouraska »), de Jacques Godbout (« Salut Galarneau! ») et de Gaston Miron (« l’Homme Rapaillé »), bref de gens qui savent écrire avec maestria, manier la belle française juteuse et fraiche, de Rabelais et de Villon, de Balzac et de Michel Tournier. A côté de ce qui s’écrit dans ce livre, notre Guide Hubert toulousain ressemble à l’Encyclopedia Universalis et au Dictionnaire Robert, François Simon passe pour Montaigne, Emmanuel Rubin pour Stendhal et François-Régis Gaudry, au moins, pour Zola, Barrès et Robert Sabatier réunis.

Des exemples de ce qui ici décrit? A propos du Marché du Vieux, où j’ai acheté ce livre, qui ressemble à une brochure publicitaire mais coûte la bagatelle de 18 $: « vous descendez quelques marches pour être aussitôt transporté au paradis« … S’agissant de la fromagerie Hamel, face au marché Talon: « on entre avec confiance dans ce temple familial, sachant que chaque fromage y est chouchouté ». Et, concernant la Boulangerie Première Moisson: « Une médaille pour son comptoir de rillettes, de terrines, de jambon blanc, de confits et de quiches. Et des bizous pour ses gâteaux de toutes les fêtes et de tous les anniversaires« .

Autant dire, sans tout citer, que la bêtise le dispute à la platitude et je ne parle pas des photos patibulaires qui cumulent mauvais cadrages, contre-jour et surexposition. Bref, comme disait Montherlant: « en prison pour médiocrité! »

Quartiers Gourmand (René Soudre éditeur, 238 pages 15,95 $ HT, 18,17 $ TTC) www.quartiersgourmands.com

A propos de cet article

Publié le 1 novembre 2011 par

Montréal: le guide bidon des adresses gourmandes” : 2 avis

  • Elizabeth

    c’est bien vrai qu’il ressemble à une brochure de publicité. Mais par contre je conseille le guide des restos par le VOIR

  • René Soudre

    M. Pudlowski, permettez-moi de vous dire que vous errez totalement dans vos affirmations en préambule de votre commentaire sur Quartiers Gourmands.

    Vous citez en exemple des écrivains québécois qui selon vous et je vous cite : «manient la belle («langue» peut-être ?) française juteuse et fraiche («fraîche» prend ici un accent circonflexe !), de Rabelais et de Villon, de Balzac et de Michel Tournier ». Le premier sur votre liste est Michel Tremblay. Cet auteur a bâti sa notoriété sur le fait qu’il n’a jamais écrit ni voulu écrire en français classique, mais bien en joual, une langue que les Francophones hors Québec ne comprennent ni à l’écrit ni à l’oral. Il est manifeste que vous ne connaissez pas cet auteur. Peut-être avez-vous puisé ces noms au hasard en effectuant une recherche Google sous «auteurs québécois». Première prise.

    Puis vous affirmez que Quartiers Gourmands se targue d’ être «le meilleur guide en français au monde». Nous n’avons pas cette prétention. Ce prix a été décerné à Quartiers Gourmands par le très français «Gourmand World Cookbook Awards» présidé par votre compatriote Edouard Cointreau.
    La mention est claire sur la page couverture de Quartiers Gourmands. Peut-être avez-vous mal vu. Deuxième prise.

    Moins important mais tout de même grave quand on est critique de restaurants et qu’on est tenu de donner l’heure juste mais aussi le juste prix. Le livre se vend 16,74 $ cdn TTC et non 18,16 $ cdn TTC. Peut-être avez-vous mal lu. Troisième prise. Désolé, cher monsieur, vous êtes retiré sur trois prises. «Strikeout» (là vous pouvez aller voir sur Google).

    Voici ce que vous avez dit : «Il y a trois principes pour faire un guide : premièrement vérifier, deuxièmement vérifier, troisièmement vérifier.» Vraiment ? Je vois plus d’imprécisions, de coquilles, de fautes d’orthographe ou de répétitions dans votre petit commentaire de 335 mots que dans le tout Quartiers Gourmands (469 textes).

    Quartiers Gourmands est écrit dans un français correct et concis et qui convient à l’ensemble de nos lecteurs. Il a été primé plusieurs fois et cité comme référence autant à Radio-France qu’au journal Independent de Londres, et je vous fais grâce de la presse québécoise et canadienne. Nos textes sont à caractère descriptif et il ne s’agit en rien d’un exercice de style. Ici on ne pousse pas le «poussif» (surtout pas 2 fois dans la même phrase !) et on largue le «laudateur», des mots qui «sortent de votre clavier» et que j’ai soumis à des amis français d’origine et de culture qui n’en connaissent pas le sens, pas plus qu’ils ne vous connaissent.

    (Dans votre effort pour promouvoir la langue française, vous n’avez pas choisi le bon champ de bataille. Je conviens que le français d’ici est truffé d’anglicismes (situation historique et géographique oblige). Mais chez vous, l’emploi est sans modération. Un petit Noël Glamour chez Mariage Frères avec le Zen Box de-stress tea ? Très bien pour accompagner un weddingcake dans un endroit très cosy, accompagné d’une star du hit-parade. Pourquoi pas Johnny Hallyday (Jean-Philippe Smet). Sinon on emporte notre Shopping bag Ladurée et on va ou au Leader Price ou à Carrefour City.)

    Quant aux critiques que vous formulez sur les photos de Quartiers Gourmands, alors là je suis sans mots. Ce sont des Doisneau à comparer aux tristes tuiles décolorées et sans âme que l’on voit sur votre site. (re : les photos du Relais Bernard Loiseau, sur lesquelles vous appliquez un copyright, pas très appétissant tout ça)

    Ah oui, Gourmands prends un «s»à la fin dans «Quartiers Gourmands» (2 fois dans votre texte). Aussi ce n’est pas le marché Talon, mais bien le marché Jean-Talon. Et pour être précis, c’est 240 pages.

    Errances inquiétantes au festival de l’à-peu-près.
    ˆˆ

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