Au Fil de l'Eau
« Pierpaoli, le méconnu d’Uzès »
On l’a connu à l’Angevin, jadis, rue Montmartre, dans le deuxième arrondissement parisien. Il fut, auparavant le lieutenant zélé de Ghislaine Arabian, aux temps glorieux de Ledoyen. Olivier Pierpaoli, qui est cambodgien d’origine, italien par sa mère d’adoption, mais français d’éducation et de coeur, est, depuis huit ans déjà, le bon chef méconnu du coeur historique d’Uzès.
La demeure, proche du glorieux Duché, avec son jardin, son patio, sa terrasse heureuse sous les arcades d’une placette toute voisine de la place aux Herbes, s’affirme « spécialisée en poissons ». Mais le petit menu de midi à 17 € rameute la grande foule des touristes qui viennent grignoter sans se ruiner. Ce midi, la courgette fleur farcie de truite, l’entrecôte persillée servie saignante saignante avec ses grosses frites, comme la tarte aux poires et chocolat ne faisaient que des heureux. Il y avait aussi un espadon escalopé (un poil sec, avouait ma voisine, mais c’était peu de chose), une petite friture d’éperlans, des beignets de calamars, un peu trop épais, comme d’ailleurs les beignets de mozzarella, servis au fil de tapas amusants tout pleins, un frais tartare de dorade, une salade grecque à la féta, ainsi qu’un joli burger avec sa viande de qualité, son bacon savoureux au fromage fondu.
Le soir, Olivier fait plus gastro, joue les poissons au gré de la marée du jour, les légumes du marché, les mets fusion, renouvelle son inspiration. Paola, qui est vénitienne, accueille avec un bien joli accent, sourit, vante le rosé délicat de Philippe Nusswitz, qui fut jadis sommelier au château d’Isenbourg d’où il connut la gloire (et le trophée de meilleur sommelier de France) avant de devenir vigneron dans la région d’Uzès. On boit, in fine, une liqueur vénitienne fort digeste (le Sang du Piave, en l’honneur de la rivière où les troupes autrichiennes lors de la guerre de 1918 avaient été boutées hors de la terre italienne). Et l’on se surprend à arpenter les venelles d’Uzès en chantant.