Les « Comédies Françaises » d’Eric Reinhardt

Article du 20 août 2020

D’Eric Reinhardt, on se souvient de l’intime, romantique et si personnel « Chambre des Epoux ». Son nouveau titre rappelle certains de ses premiers livres (Existence et surtout le Système Victoria) où il s’en prenait à l’utra-libéralisme en France et à ses affidés. Son héros, Dimitri Marguerite, dont le décès accidentel en 2016 est annoncé dès la première page du roman, va traverser quelques comédies sociales de son temps à sa manière singulière et militante. Idéaliste, puis lobbyiste, puis journaliste à l’AFP, il finit par enquêter pour son compte et jusqu’à l’obsession sur l’abandon sous Giscard du « plan calcul » et de ce qui aurait pu faire naître un internet à la française sous la houlette du génial inventeur du « datagramme » Louis Pouzin. Il accuse nommément Ambroise Roux, le patron de la CGE, de cet abandon volontaire qui prive ainsi notre pays d’une invention majeure qui lui aurait notamment permis d’avoir la primauté sur les USA dans ce domaine majeur et révolutionnaire.

Mais, comme Eric Reinhardt, Dimitri a plusieurs cordes à son arc, plusieurs passions, notamment celle de l’art autant que l’économie. Il poursuit de longues et fructueuses recherches en parallèle sur la création de la peinture américaine moderne, l’influence qu’aurait eu sur cette dernière le surréalisme et, tout particulièrement, sur le rôle de précurseur qu’aurait joué Max Ernst, réfugié à New York, à l’aube des années 1940, sur son confrère américain Jackson Pollock et ses « drippings ». Roman croisé, évoquant les divers itinéraires de son héros, ces « Comédies Françaises » donnent le sentiment de contenir plusieurs romans en un seul. Un défaut? Pour les frileux sans doute. Même si parfois, Eric Reinhardt, qui se coule dans le moule de Dimitri emprunte la voix, le verbe, le phrasé du polémiste, insistant de façon répétitive sur les dérives libérales de l’époque Giscard. Mais c ‘est aussi la richesse de ce livre varié, riche, drôle, de contenir plusieurs vérités en une seule. Voici assurément l’un des « chocs » d’une rentrée littéraire qui s’annonce à surprises multiples.

Comédies Françaises d’Eric Reinhardt (Gallimard, 477 pages, 22 €).

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Publié le 20 août 2020 par

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