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Les clés de Troyes

Article du 14 mai 2011

La gare de Troyes © GP

Une ville? Un miracle, comme échappé du Moyen-Age et de la Renaissance, à 1h30 de Paris par l’A5, avec ses trésors gothiques, ses gargouilles fantastiques, sa magie nocturne, ses ruelles riches en pignons ciselés, ses cours secrètes.

Le chevet de St Urbain et ses gargouilles © GP

On vient à Troyes comme on irait à Bruges ou Gand, pour les monuments précieux, la cathédrale avec sa rosace flamboyante et ses vitraux, la basilique Saint-Urbain et sa Vierge au raisin, l’église Sainte-Madeleine et son surprenant jubé. Mais aussi Saint-Pantaléon et ses statues, Saint-Jean et sa tourelle d’horloge, Saint-Nicolas et ses pilastres, Saint-Rémy et son clocher d’ardoises, Saint-Nizier, sa mise au tombeau et sa Pieta.

Maisons anciennes © GP

« Que fait-on à Troyes ? », disait-on jadis. « On y sonne ». Dix belles églises qui dominent le paysage et les toits, la ville ancienne au fameux tracé de bouchon de champagne, une succession de beaux hôtels ouvragés, dont celui de Vauluisant qui accueille le musée historique et celui de Juvenal des Ursins avec sa porte en fonte dite de Chrétien de Troyes. On en oublierait presque que la ville des foires et de l’imposant évêché fut aussi un foyer important de réflexion talmudique sous l’égide du vénéré Rachi, commentateur de la Bible, à qui un institut et désormais dédié, face à l’actuelle synagogue.

La synagogue © GP

Capitale de la Bonneterie et désormais ville d’art, Troyes possède, avec la fondation Pierre et Denise Lévy, un des plus importants musées d’Art Moderne de province. L’art des années 20, à travers une collection superbe de Derain, Vlaminck, Braque, Van Dongen, Delaunay, Dufy, Matisse ou Balthus, impressionnent, dans l’ancien palais épiscopal qui abrite aujourd’hui 388 tableaux, 1277 dessins et 104 sculptures (dont quelques Rodin). C’est là un des clous de la visite troyenne. Avec aussi le passionnant musée de l’Outil et de la Pensée Ouvrière, sis dans l’hôtel de Mauroy, qui raconte l’évolution du travail manuel du XVIIIe à nos jours.

L’hôtel de ville © GP

On en oublierait presque que l’autre spécialité « touristique » de Troyes et sa profusion de magasins d’usines, qu’ils se rassemblent en villages, comme Mac Arthur Glen ou Marques Avenues, proposant les articles divers, griffés Petit Bateau ou Eminence, Timberland ou Ralph Lauren, à prix réduits. Conjuguer visite historique et achat de soldes, voilà qui fait de Troyes une idée de week-end singulier, non loin de la capitale.

Place Alexandre Israel © GP

La gourmandise y bonne conseillère avec ses traditions maintenues, comme celles de l’andouillette, chez Lemelle, Thierry ou Maury, la fameuse prunelle, toujours distillée au Cellier St Pierre, le cidre du pays d’Othe aux abords, comme le champagne entre le village haut perché de Montgueux (« le Montrachet de la Champagne », selon Jean-Paul Kauffmann ») et la côte des Bar, le rosé des Riceys et le ratafia.

Jean-Michel Wilmes aux Crieurs de Vins © Maurice Rougemont

Les tables savoureuses, au centre ou en lisière, n’y manquent point. Comme le Valentino, les Crieurs de Vin, le Céladon, la Mignardise, le Damier, le Bistrot DuPont, l’Hostellerie du Pont-Sainte-Marie et l’Auberge de Sainte-Maure. De même les hôtels de qualité qui y foisonnent. Avec trois « 4 étoiles », qui conjuguent situation au cœur du centre et grand confort, mais aussi prix doux pour cette catégorie inhabituelle dans une “ petite ville de province ”.

Maison ancienne © GP

Les belles initiatives hôtelières s’y multiplient, comme le Mercure, bâti dans l’ancienne usine Absorba-Poron. On a conservé la forme générale du bâtiment, conçu des chambres vastes et contemporaines, décoré les parties communes avec force étoffes de maille et de velours, sur le thème de la bonneterie. C’est, dans le genre moderne, une réussite.

La patio du Champ des Oiseaux © GP

Le « top » du charme est tenu par le Champ des Oiseaux, clos médiéval rassemblant cinq demeures des XVe et XVIe siècles. Imaginé par une ex-enseignante férue de déco, Monique Boisseau, tout à côté de la cathédrale et du musée d’art moderne. Cette belle demeure qui fait sensation depuis deux décennies s’est doublé d’une maison mitoyenne datant du XIIe, tenue par le fils de Monique, Thierry Carcassin : c’est la Maison de Rhodes.

Chambre Marinot © GP

Dans les deux cas, les chambres délicieuses, avec leurs tomettes retrouvées, leur charpente conservée, les plafonds poutrés, les fauteuils patinés à l’ancienne revêtus de tissus signés Pierre Frey témoignent d’un goût très sûr. On y ajoute des meubles de caractère, des salon feutrés et une jolie cour intérieure qui en font la maison de week-end idéale.

Vue sur le jardin du musée d’art moderne © GP

On y ajoute que le Musée d’Art Moderne est quasiment la porte à côté, que les savoureux petits-déjeuners et des propositions simples (potage bio, quiche lorraine, tagliatelles au saumon, tarte Tatin) pour une petite restauration sage à demeure font des promesses de bonheur pour des journées paisibles.

Carnet de Route

Y aller

A 180 km de Paris et 1h30 par l’A5 ou l’A4.  Train direct : 1h20 depuis la gare de l’Est.

Dormir

Le Champ des Oiseaux, 20 rue Linard-Gonthier. Tél. 03 25 80 58 50. Ch. et suites: 160-240 €.
Grand charme dans cinq maisons XVe et XVIe jouxtant le musée d’art moderne.

La Maison de Rhodes, 20 rue Linard-Gonthier. Tél. 03 25 43 11 11. Ch.  et suites 172-258 €.
La 2e maison du Champ des Oiseaux version XVIIe.

Se renseigner

CDT de l’Aube, 34 quai Dampierre. 10000 Troyes. Tél. 03 25 42 50 91. Fax 03 25 42 50 88. Site : www.aube-champagne.com

A propos de cet article

Publié le 14 mai 2011 par

Les clés de Troyes” : 3 avis

  • Rémi

    Joli article pour une ville pleine de charme, à découvrir absolument.

    🙂

    A bientôt

  • Troyes est un peu le pendant de Rouen de Paris, avec ses maisons à colombages et le pays d’Othe tout proche est appelé également la Normandie de l’Est à cause de son cidre… Bravo pour l’article qui donne envie de s’arrêter pour visiter, en dehors des magasins d’usine ! Je ne connais pas personnellement la Maison de Rhodes, mais c’est vrai que le décor donne envie de s’y arrêter.

  • Domi

    Nous avons séjourné à la Maison de Rhodes il y a déjà quelques années, et ce fut un grand moment : très bon accueil, découverte des lieux, de la chambre sous la charpente, alliant modernisme et caractère. Nous y avons même fort bien dîné, dans une salle à manger de type moyennageux. Cela reste un très bon souvenir !

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