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Les 4 Saisons

« Un p’tit bonheur en vallée de la Thur »

Article du 9 mai 2011

Les 4 Saisons © GP

Une petite échappée, hier, au sortir de la foire du livre de St Louis, le temps de fuir la chaleur vers les Vosges, et c’est la découverte d’une auberge de montagne simple et accueillante. Me voilà à Kruth, grâce à Sophie Dungler, bonne fée de Reflets aux DNA qui connaît par coeur les parages thannois et m’a fait entrevoir un lieu de plein de chaleur et d’authenticité. Pour y aller, depuis St Louis, on file droit sur l’autoroute au-delà de Mulhouse, puis on traverse Thann, en lorgnant la collégiale. On s’attarde, mais à peine, à Moosch. On flirte avec les bourgs montagnards de Saint-Amarin et Fellering. On songe ainsi à ce que fut jadis cette vallée reine du textile, au temps des Schlumpf et de leur gloire passée à Malmerspach. Il y a là un musée qui raconte la saga de l’industrie d’autrefois, un parc verdoyant à Wesserling.

Vue depuis la salle de restaurant © GP

C’est l’approche du parc naturel des Ballons des Vosges. Le massif forestier offre ses balades. L’hiver, on vient là pour le ski au Markstein et alentour. L’été, c’est le paradis des randonneurs. Le bon air règne en maître. Il donne faim. D’où ce lieu providentiel qu’est l’auberge des Lang nichée dans son hameau d’une trentaine d’âmes. Cela s’appelle le Frenz, un lieu dit dépendant de la commune de Kruth – fameuse pour le lac proche de Kruth-Wildenstein. Papa et maman Lang avait fondé leur demeure en 1968, presqu’en même temps que les barricades s’élevaient à Paris. Peu à peu la nouvelle génération arrive.

Frédéric et Christelle © GP

Christelle Lang, pure autodidacte, qui a travaillé avec son compagnon Frédéric Mentzinger dans l’hôtellerie (notamment à l’ex-Frantel de Mulhouse), a pris la direction des fourneaux, insufflant à la demeure un style léger, frais, sans faiblesse. Papa Roland l’aide bravement, se met sous sa houlette, pour confectionn des plats désormais savants et fins, taillant les légumes, épurant les sauces. Bref, il y a de l’évolution dans l’air. Pas de révolution.

Cappuccino d'ortie © GP

On vient se faire fête en famille, le dimanche, comme en semaine. Les grandes tablées animent la  salle à manger vitrée et panoramique, ouvrant sur le dehors, lorgnant les montagnes proches, comme celle du Grand Ventron qui culmine à 1204 mètres. Les fous de parapente s’envolent dans les airs à deux pas. Bref, ce spectacle enivrant conduit à prendre ses aises dans ce cadre rustique et charmeur. Tandis que Frédéric extirpe d’une carte des vins riche en belles trouvailles, rappelant qu’il fut jadis sommelier au Lucas-Carton à Paris, Christelle mitonne le fin du fin du moment.

Fleischnacka d'agneau © GP

Les menus sont bons conseillers, ils remplacent la carte, offrant de belles alternatives. Ainsi, pour 27,50 €, les fleischnackas (littéralement « escargots de viande ») d’agneau avec sa crème aux épices et son petit bouillon (une préparation avec de la pâte à nouilles qui se mitonne, traditionnellement, au boeuf) ou sa tartine gourmande avec sa compotée de porc, sa choucroute crue, son coulis d’herbes. Il y aussi les scampis joliment redressés sur l’assiette avec ses radis noirs juste poêlés et son fin crémeux de petits pois : délicieux et frais !

Scampis, crème de petits pois et radis © GP

On sent que Christelle cuisine d’instinct, que papa Roland suit avec bonne volonté et belle humeur, que toute la salle est sous le charme, à l’unisson. Frédéric, lui, vous propose un muscat de chez Bruno Hertz à Eguisheim ou un pinot gris de la cave de Kientzheim-Kayserserg. Mais aussi un sancerre vif et frais ou  un cru de la vallée du Rhône de derrière les fagots – j’oublie encore un bordeaux blanc, qui trône à la table voisine-  qui pourraient, eux aussi, faire l’affaire.

Agneau en croûte d'herbes © GP

Après ? Ce sera le bâtonnet glacé à la carotte, amusant, frais et digeste. Puis l’agneau cuit rosé – et même presque rouge, un agneau délicat, issu de Nouvelle Zélande – qui s’accorde avec une abondance de légumes (il y a même trop ! – mais c’est l’esprit de générosité maison qui veut ça), en beignets ou poêlés, avec ce simili gâteau de carottes ou ce rigolo kougelhopf à la semoule. Un pinot noir vinifié en barriques des Hospices de Strasbourg, mais là encore signé Hertz à Eguisheim (et tarifé 30 €) fait là dessus office de belle escorte.

Frédéric Mentzinger et le pinot gris © GP

In fine, la panna cotta au thé rouge Rooibos (mais qu’on ne le sent qu’à peine) avec sa jolie et vive purée de mangue donne l’occasion de close sur une note digeste et point trop sucrée. On peut dormir là au charme, sans crainte de se ruiner, dans l’une des chambres rustiques et croquignolettes, pour éviter de reprendre la route et profiter de ce coin des Vosges méconnu. Le lieu se mérite. Il donne envie de prendre son temps et déjà d’y revenir.

Les 4 Saisons © GP

Les 4 Saisons

le Frenz
68820 Kruth
Tél. 03 89 82 28 61
Chambres : 34-51,50 €
Menus : 15,85, 27,50, 38 €
Site: www.hotel4saisons.com

A propos de cet article

Publié le 9 mai 2011 par

Les 4 Saisons” : 2 avis

  • walter

    diner au restaurant les 4 saisons au frenz trés sincèrement , l’acceuil devrait ètre revue car on a l’impression d’avoir une porte de prison en guise de sourire , ainsi que le service qui est lamentable, aucune chaleur commercial ni de sympathie de la part des exploitants . la bible du bon commercant  » le sourire et la convialité  » donne la beauté de l’établisement . malheuresement il n’y a pas d’école pour ça, soit on là ou on ne là pas . pour ce qui est de la table ,on va dire que c’est correcte .

  • J-Krak

    Un endroit découvert grâce à ce blog alors qu’on habite à côté. Une vraie belle découverte ! Un lieu qui tranche avec l’habituelle proposition culinaire des auberges de montagne vosgiennes. Ici, on vous propose de la petite gastronomie conviviale, efficace et sans chichi, avec en prime la vue sur la vallée, très jolie.
    L’auberge isolée en question s’intitule Quatre Saisons car elle renouvelle sa carte à chaque trimestre. Le cadre est plein de poutres apparentes, de poupées en chiffon et d’assiettes de Hansi. En amuse-bouche, tradition oblige, on nous sert une petite choucroute pleine de cumin et surmontée d’une onctueuse Chantilly toute gentille. En entrée, j’aurais des lasagnes d’escargots, ricotta et crème de persil. Mon collègue des joues de lotte en brochette de pin, crème aux arômes de truffes blanches. Comment dire ? C’était beau à voir, raffiné dans la présentation, fin et pétillant en bouche. Un vrai petit bonheur. Difficile de dire lequel des deux plats j’ai préféré (oui, comme d’hab, j’ai tout goûté dans l’assiette de mon compagnon d’Epicure). Pour nous rafraîchir la bouche, on nous apporte un sorbet de menthe fraîche et un sorbet du foin (oui, sois pas bête à manger du foin). Super étonnant et franchement à vous donner envie d’aller faire une sieste dans une grange avec Géraldine. Le plat de mon colocataire de tablée sera un risotto aux girolles et scampis poêlés. Onctuosité du riz, légèrement parfumé, croquant et fermeté des grosses crevettes au nom italien, belle quantité dans l’assiette. Je serai un peu moins satisfait de mon « Haché » d’agneau aux herbes façon hamburger chic. La viande est parfaite en cuisson, il y a des pignons à l’intérieur. Des petits bouts de foie gras poêlés sont ravissants, c’est juste que le petit pain brioché du hamburger chic était franchement sec et ne donnait pas envie qu’on le mange. Mon petit gratin dauphinois qui accompagnait trempait trop dans le lait (mais là je chipote). Un trio de sorbets aux parfums de fleurs (rose, violette, lavande) avec les tuiles qui vont avec pour mon compère. J’aurai droit à un macaron au citron absolument parfait, une belle maîtrise du conflit acidité-sucré dans la crème au citron et un croquant-fondant à se damner concernant le biscuit. Et dire, qu’il n’y en avait que deux… [menu à 27,50E]

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