Le Bacon de Franck Maubert
Un formidable petit bouquin dédié à Bacon, l’homme, l’artiste, le visionnaire, le buveur, le viveur. Franck Maubert, critique d’art, mémorialiste, romancier, relit ses notes, raconte ses rencontres, à Londres, à Paris, avec l’illustre peintre, né à Dublin, d’une famille anglaise rigoriste dont il fut vite rejeté. Il le découvre – et nous avec lui – dans son atelier de Kensington, où il partage une bouteille de Krug, dès 10 heures du matin, le suit chez Bibendum, croise David Hockney, partage une bouteille mémorable de Léoville Poyferré, devient son ombre fidèle dans les pubs des divers quartiers plus ou moins bien famés, le retrouve à Paris au bar du Pont Royal, que fréquenta Sartre et Beauvoir. Pensera à lui, le jour de sa mort, où de façon prémonitoire, avant d’apprendre la triste nouvelle, il cuisine pour la première des « bacon & eggs », le surnom du peintre dans ses pubs de prédilection. In fine, une longue et passionnante biographique raconte la vie de l’artiste dans ses moindres méandres. Mêlant sobriété et lucidité, franchoise et discrétion, Franck Maubert se fait mémorialiste et confident, note tout, raconte avec passionnant. En évoquant ce contemporain capital, pour qui la figure humaine se réduit souvent à sa « viande », le critique abandonne la carcan de l’analyste pour laisser parler la corde sensible, non sans oublier l’humour. On y retrouve la silhouette d’Ardisson, jamais nommé, comme dans « Visible la Nuit » et « les Uns contre les Autres », et on y croise le cher Giacometti, évoqué dans l‘Homme qui marche. C’est bref, désopilant, passionnant. Et pour 9,50 €, voilà un formidable rapport qualité/prix/plaisir…
Avec Bacon de Franck Maubert (Gallimard, 9,50 €, 140 pages).
J’ai vu et revu, lu Bacon !!! Fascinée par la force et la vision personnelle qu’il nous projette, nous spectateurs …couleurs franches opposées …
Rejet…attirance… interrogation… pas insensible !!! C’est ça..être artiste… être sincère avec soi-même !
Beau, pas beau.. plaire, pas plaire…????
On s’en fout….!!!!
Merci Gilles! Toujours cette bienveillance. Amitié, F.