Auberge du Bon Laboureur
« Chenonceaux : bon laboureur et exquis aubergiste »
Antoine Jeudi, qui représente la 4e génération d’aubergistes présents depuis 1913 à Chenonceaux (avec un « x » le village, sans pour le château), n’a jamais été si performant depuis la perte de son étoile chez Michelin – assez incompréhensible, du reste, pour tous les gourmets du Val de Loire. La maison avec ses fleurs, son lierre, sa glycine, sa verdure, s’embellit, s’est agrandie depuis ses débuts, avec ses cinq demeures aujourd’hui, ses chambres de charme, ses jardinets, ses recoins douillets, ses couleurs.
Son auberge a pris une dimension neuve, sous l’impulsion de son épouse Isabelle avec des lignes contemporaines, des salles à manger sobres et sans chichi. La cuisine d’Antoine? Subtile, régionale, enracinée, avec des idées de technique légère et toujours bienvenues, jouant l’esthétique au goût du jour. Des exemples? Le pâté de Pâques avec oeuf et foie gras, les asperges de Touraine avec sa mousse de chèvre avec ses copeaux de fromage, le foie gras de canard de la Maison Andignac poché, avec mangue, sablé aux épices Kawa et cacahuètes grillées ou encore le blanc-manger de Loire (le sandre en mousse) avec sa gaufre, sa crème raifort, son caviar de Sologne.
On y ajoute le sandre au beurre blanc avec ses pommes grenailles et ses radis ou l’épaule d’agneau confite de 72h, jus corsé et sa crème d’ail. Bref, une cuisine vive, finaude, classique, sans manière, ni chichi, qui joue la vérité en majesté. On ajoute les jolis vins de la région au diapason, comme le blanc sauvignon, vif et tendre à la fois, parfait pour démarrer le repas, du domaine de la Chapinière ou le subtil chinon les Grézeaux de chez Bernard Baudry à Cravant-les-Coteaux.
On achève sur des desserts enlevés, comme les mousses chocolat et poire, le gratin de chocolat blanc, fraise, pomme et rhubarbe ou encore le chocolat Varhona cœur de guanaja au poivre voatsiperifery et orelys avec glace au poivre de Sichuan. Avant de se promettre de revenir très rapidement.
Incompréhensible cette rétrogradation ! Michelin ne reconnaîtrait- il plus la valeur d’une cuisine savamment élaborée ni l’honnêteté d’un chef aiguillonné par un perpétuel souci d’harmonie.
Nous avons fait une halte dans cette délicieuse auberge et y avons dîné d’un repas exquis, remarquable , dont le souvenir n’est pas prêt de s’effacer tant le charme des lieux était en phase avec ce que nous y avons mangé.
Michelin est de plus en plus a côté de la plaque. Privilegiant une cuisine d’esbroufe stéréotypée aux veritables chefs. Ceux qui ont le don de l’accord des saveurs. La passion de la créativité. L’art de réaliser une sauce. J’y ai fait globalement le meilleur et le plus honnête repas de ma tournée gastronomique estivale.
En outre l’auberge est charmante.