De Laurence Cossé, vous connaissez la Grande Arche, mais vous n’avez pas peut être pas oublié le 31 du mois d’août, qui évoquait le destin du conducteur de la voiture qui suivait celle où périt la princesse Diana. Prouvant que cet auteur raffiné, qu’on suit depuis « les Chambres du Sud » (1981!), aime lier petite et grande histoire, et plonger ses personnages dans le maelstrom de leur temps. Son nouvel opus se déroule dans les années 1935/1936, alors que le nazisme commence à faire ses ravages en Allemagne, que la France est déchirée par la violence des ligues et l’arrivée du Front Populaire. Robin, le modeste héros de ce roman, est un enfant de la Grande Guerre, né après la mort de son père. Timide, discret, réservé, étudiant appliqué, il aime le sport, découvre les premiers émois des sports de neige, part pour Saint-Moritz, en Engadine, avec son ami, l’énigmatique Conrad, puis, toujours avec lui, en Haute-Tarentaise, à Val d’Isère, village encore modeste, dont on pressent qu’il pourra bientôt accueillir les  fous de ski qui vont affluer de toute l’Europe. Robin va connaître l’amour pour une jeune fille mystérieuse, puis le drame. Ecriture à la fois sèche, fine, nacrée, acérée, personnages en demi-teinte, grandissant avec leurs secrets, qui semblent sortir d’une boîte aux sortilèges, histoire diaphane comme en images en noir et blanc: voilà un roman bref, doux et soyeux comme un piège, prenant et tenace comme un alcool fort, coupant comme le givre.

Nuit sur la neige de Laurence Cossé (Gallimard, 142 pages, 13,50 €).