N’attendez pas ici un guide des buffets de gare d’antan, ni même une recension critique des tables ferroviaires d’aujourd’hui. Voilà davantage l’essai bref et fugueur d’un voyageur amoureux de ses itinéraires qui peine à reconnaître le bon usage de ses pérégrinations personnelles. Benoît Duteurtre, qu’on connaissait déjà en écrivain nostalgique (l’Eté 76, le Voyage en France, le Retour du Général), exerce sa verve au service non seulement des buffets de gare mais d’un mode de voyage plus humain – on allait dire humaniste. « J’ai toujours aimé les buffets de gare, ces monuments dressés au coeur des villes, ouvert sur des horizons inconnus« : ainsi, démarre cet opus poétique qui se transforme assez vite en essai vengeur. Dutertre dénonce avec justesse les gares nouvelles transformées en simili supermarchés, l’invasion des Starbucks ou autres, l’envers des TGV et des « trains déclassés » (dixit le nouveau langage SNCF), l’accueil inexistant, les nouvelles marques qui remplace son idée du train pour tous. Il y a du lyrisme ferroviaire dans cet essai qui réhabilite le voyage d’antan, mais surtout du témoignage citoyen d’un voyageur ordinaire réclamant un tantinet d’attention de la part d’un service qu’il croyait public.

La nostalgie des buffets de gare, de Benoît Duteurtre (Manuel Payot, Payots Rivages, 14 €, 110 pages).